Actualités 30 septembre 2014

Succès bœuf à La Terre des Bisons

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Dans le stationnement de la ferme La Terre des Bisons, à Rawdon, quelques visiteurs observent les bêtes et s’étonnent devant leur imposante stature. Une famille new-yorkaise entre dans la petite boutique champêtre, suivie d’un couple de Français en vacances au Québec. Pendant que la copropriétaire des lieux, Josée Toupin, sert les clients, son café fume sur le comptoir. À l’extérieur, son mari Alain Demontigny répond aux questions des plus curieux. Il y a plus de 15 ans, les deux passionnés du bison ont fait le pari de vivre à la campagne et de s’aventurer dans l’agrotourisme.

Le couple rawdonnois comprend bien le sens de l’expression « être dans le jus ». « Depuis quelques années, on a tout le temps des clients et, souvent, on n’a même pas le temps de manger! » lance à la hâte Josée Toupin, avant d’accueillir de nouveaux visiteurs venus acheter de la viande de bison. La femme d’origine montréalaise a étudié en finances et a travaillé dans une caisse populaire de la rue Saint-Hubert, pour ensuite se consacrer à plein temps à son élevage. « Elle n’a jamais autant travaillé que depuis qu’elle ne travaille plus », rigole son conjoint. Il a pour sa part conservé son emploi comme gestionnaire au gouvernement fédéral, afin d’assurer une sécurité financière à sa famille.

C’est en 1985, peu de temps après leur mariage, que les deux citadins ont décidé de quitter la métropole pour s’installer en milieu rural. « On voulait une qualité de vie pour nos enfants et c’est pour ça qu’on a décidé de venir vivre à la campagne », raconte l’agricultrice. En 1992, ils ont acheté une ferme abandonnée à Rawdon et, deux ans plus tard, ils ont fait l’acquisition de trois bisons.BISONS_600

Pourquoi les bisons? « Parce qu’on n’avait pas d’argent », reconnaît Alain Demontigny en riant. Il explique plus sérieusement que la viande de gibier était très en vogue dans les années 1990. « C’était surtout parce que nous voulions bien manger et que le bison fait de la bonne viande. Aussi, comme nous n’avions pas beaucoup d’argent, l’élevage de bisons devenait plus intéressant parce que simple à démarrer », précise Mme Toupin.

Si, au tout début, leur viande de bison était destinée à une consommation personnelle, il a fallu peu de temps pour que des curieux viennent frapper à leur porte. Devant la demande croissante, les éleveurs ont donc ouvert la boutique à la ferme en 1997. Après ce départ que Mme Toupin qualifie de « maladroit », l’entreprise n’a cessé de croître. Aujourd’hui, les propriétaires disposent de leur propre boucherie, offrent toutes les coupes de viande et une variété de produits transformés. Ils ont mis en place 1,2 km de sentiers d’interprétation du bison et des visites guidées. Leur fils Jean-Philippe Demontigny vient également de se joindre à l’exploitation à titre de relève agricole.

BISONS_400En été, le bison affiche un pelage léger, d’un brun clair. La femelle pèse en moyenne entre 450 kg et 600 kg. Josée Toupin ne s’en laisse toutefois pas imposer. « Je la trouve tellement belle », dit-elle en caressant vigoureusement Buffy sur les flancs pour effaroucher les mouches. De l’autre côté de la rue, un immense enclos regroupe plus de 80 animaux. Deux gigantesques mâles se promènent entre les femelles. Ces derniers peuvent peser jusqu’à 1 100 kg.Un bison pas comme les autres
« Josée, tu as oublié de boire ton café », note M. Demontigny. « Je n’ai pas oublié, je n’ai pas eu le temps! » signale-t‑elle. Entre deux clients à la boutique, l’éleveuse prend tout de même quelques minutes pour présenter Buffy au public. Dans un petit enclos à part, la jeune bisonne de six ans s’énerve un peu à cause des mouches. Mme Toupin, qui est entrée dans son espace, tente de faire fuir les moustiques qui lui tournent autour. « Josée entretient une relation particulière avec Buffy. C’est une bête gentille et domestiquée », souligne Alain Demontigny, en précisant qu’il faut « être prudent quand même, parce que ça reste un bison ». Les visiteurs semblent ravis de voir l’animal de si près.

À la boutique, le café de Josée Toupin a eu le temps de refroidir. De nouveaux clients y entrent et la productrice leur énumère la liste des produits offerts. Tourtières, pâtés du lac, sauces à spaghetti, rillettes et saucissons. « La vie est très exigeante, mais on est content de ça », note-t‑elle au passage. Elle assure ne pas s’ennuyer de sa vie en ville. Elle et son mari ont visiblement gagné leur pari.