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La période prénatale est cruciale pour le développement du fœtus, qui produit environ 250 000 neurones à la minute. Or, les pesticides interfèrent avec cette prolifération cellulaire, rapporte Maryse Bouchard, chercheuse en santé environnementale à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les contaminants environnementaux et la santé des populations.
Baisse de QI et TDAH
Celle-ci appuie sa recommandation sur la littérature scientifique portant sur le sujet, dont une vaste étude américaine à laquelle elle a pris part il y a une quinzaine d’années dans le cadre de ses études postdoctorales. Le projet, qui comporte plusieurs volets, a permis de suivre le développement des enfants d’une cohorte de 600 travailleuses agricoles ou de conjointes de travailleurs agricoles recrutées en 1999 dans la vallée de Salinas, en Californie, où il se pratique une agriculture intensive. Ce groupe, qui continue d’être étudié, a été surnommé la cohorte Chamacos (qui veut dire enfant en espagnol), puisque la majorité des familles participantes sont d’origine latine.
Le volet de recherche sur lequel a travaillé Mme Bouchard ciblait particulièrement les effets des organophosphorés sur le développement des enfants. Cette classe de pesticides « très toxiques », affirme-t-elle, était largement utilisée en agriculture au moment où l’étude a commencé.
« Ce qu’on a trouvé, c’est que les femmes qui avaient le plus haut taux de résidus de pesticides dans leur urine pendant leur grossesse avaient un bébé qui tendait à naître avec un plus petit poids que les autres. Dès l’âge de deux ans, ces enfants avaient aussi un ralentissement moteur. À cinq ans, ils avaient de moins bonnes capacités attentionnelles et, finalement, de moins bonnes capacités cognitives à l’âge scolaire », résume la chercheuse. Des tests de quotient intellectuel (QI), utilisés pour la stabilité des résultats qu’ils offrent, ont aussi montré une différence de sept points entre les enfants dont les mères avaient été les plus exposées aux pesticides par rapport aux mères les moins exposées. « Sept points, c’est une différence significative », précise-t-elle.
D’ailleurs, la publication de ces résultats a eu une grande influence, rapporte Mme Bouchard, puisque l’industrie a volontairement réduit l’utilisation de cette classe d’insecticides pour se rabattre sur les pyréthrinoïdes, « une autre classe encore peu étudiée ». La chercheuse a depuis commencé, comme d’autres collègues, à s’intéresser à leurs effets.
Au Québec, Maryse Bouchard mène de nombreux travaux sur les pesticides. Elle est présentement en période de recrutement de participants pour une nouvelle étude de l’INRS, financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, dont l’objectif est de mesurer l’exposition aux pesticides des populations vivant à proximité des zones agricoles, ce qui inclut les producteurs et leur famille.
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