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Dany Bouchard, Vincent Marcoux et Cinthia Duchesne-Tétrault ont formé une entreprise maraîchère qui n’est pas spécialisée dans la vente de légumes, mais plutôt dans l’enseignement de techniques pour faire pousser des légumes! Ils obtiennent d’ailleurs du succès avec leur nouveau modèle d’affaires, lancé en pleine pandémie, c’est-à-dire une formation dispensée par des agriculteurs à l’intention des gens du grand public.
L’un des copropriétaires de l’Académie Potagère, Vincent Marcoux, est également copropriétaire d’une autre ferme de la même municipalité de Saint-
François-Xavier-de-Brompton, en Estrie, le Jardin des Funambules, où tout a commencé. Cette ferme certifiée bio emploie des techniques de maraîchage intensif, qui maximisent l’utilisation des superficies cultivées. C’est à partir de cette ferme que les premières capsules ont été enregistrées, mentionne une autre copropriétaire de l’Académie, Cinthia Duchesne-Tétrault. « On se rendait compte, durant la pandémie, que les gens voulaient jardiner et qu’ils avaient un besoin de se former. On a donné de l’information sur Facebook et l’engouement a été énorme. On a décidé de filmer toutes les étapes de maraîchage sur un an et de créer une formation adaptée à de l’agriculture familiale sur de petits espaces pour sortir un maximum de légumes », décrit Mme Duchesne-Tétrault.
La formation, au coût de 495 $, donne un accès à vie au contenu. Des formations additionnelles s’ajoutent sur des cultures spécifiques comme les pleurotes, le gingembre, etc. Les trois maraîchers prennent aussi les questions de leurs membres durant la saison et y répondent chaque mois sous forme de capsules vidéo. Ceux-ci peuvent également se répondre entre eux via la communauté qui s’est créée en ligne.
Pour Cinthia Duchesne-Tétrault, ce projet d’académie et cette interaction avec le public sont très stimulants. « On est vraiment étonnés de voir les commentaires. On a des gens qui nous montrent des photos de leur jardin avant-après [avoir suivi la formation. On voit] à quel point leur récolte a augmenté. L’évolution est renversante. Ce sont des choses qui nous touchent vraiment! » commente l’agricultrice-formatrice. Le trio enseigne spécifiquement les techniques de maraîchage biologiques. « Le bio, c’est important pour nous, et on s’en fait souvent parler par notre clientèle, car c’est important pour eux aussi », assure-t-elle.
Un grand potentiel
Transmettre le savoir agricole apparaît comme un concept d’affaires qui dépassera la tendance du jardinage pendant la pandémie, anticipe Cinthia Duchesne-Tétrault. La Terre lui a demandé où elle voyait son entreprise dans cinq ans. « Je pense que ça va grossir. La demande est là. On voit qu’il y a beaucoup de place. Nous allons ajouter de nouvelles formations en ligne et on veut développer des formations sur place d’une ou deux journées. On veut aussi offrir des conférences, etc. Il n’y a pas de fin à ça », projette-t-elle avec entrain.
Des carottes déjà prêtes à récolter
Lors de la première semaine de mai, Cinthia Duchesne-Tétrault commençait déjà la récolte de ses carottes sur le site de l’Académie Potagère, après les avoir semées à l’automne dans une serre non chauffée. « C’est vraiment exceptionnel. On a commencé les cultures hivernales dans la serre à l’automne et là, ce sont les carottes qui sont prêtes et, bientôt, les oignons. Le goût des carottes est extrêmement sucré, comparativement aux récoltes en pleine saison, car le froid concentre les sucres. Elles sont délicieuses », décrit la maraîchère de Saint-François-Xavier-de-Brompton, en Estrie.
La serre n’a pas été chauffée du tout. Les carottes, le kale, les épinards, les oignons et les oignons verts semés au mois de septembre ont été protégés par deux épaisseurs de toile thermique de novembre à février. Après quoi, la toile a été enlevée sporadiquement pendant les journées ensoleillées où la température pouvait grimper, dans la serre, à 20 °C le jour. La protection était ensuite remise pour contrer les nuits froides et la toile a été retirée entièrement au début avril. « En novembre, tout était vert. Il y avait un petit début de croissance. Ils ont arrêté de pousser lorsqu’on les a abriés et ils sont repartis quand la lumière a augmenté », résume Mme Duchesne-Tétrault.
Des légumes ont été produits dans une deuxième serre, celle-ci, légèrement chauffée, tout juste pour maintenir une température au-dessus du point de congélation. Ç’a été suffisant pour récolter de la laitue, des bébés kales et de la roquette de novembre à janvier. « On récoltait en continu, au besoin. C’était comme un garde-manger vivant », commente l’agricultrice. Une deuxième séquence de semis, lors de laquelle se sont ajoutés des radis, a été effectuée en février, pour produire une nouvelle récolte en cours depuis avril. Pour l’an prochain, Cinthia Duchesne-Tétrault et ses deux complices maraîchers se donnent l’objectif de répéter le même concept des deux serres, mais avec l’ambition d’accroître davantage les rendements et de mesurer le coût en électricité pour la serre semi-chauffée.