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Ajouter des fleurs sur les terrains agricoles permet non seulement d’augmenter le nombre de pollinisateurs nécessaires à la production de fruits et légumes, mais aussi de passer moins de temps sur le tracteur à gazon.
À Saint-Hyacinthe, le producteur de camerises biologiques Marc-Antoine Pelletier a semé un kilomètre de fleurs mellifères le long de son champ. Une décision qu’il ne regrette pas. « On remarque que nous avons plus de pollinisateurs naturels, comme des bourdons. On l’a fait aussi pour accroître la biodiversité, avoir plus de bons insectes qui luttent contre les insectes nuisibles. Pour l’agrotourisme, c’est très bon. Ça apporte une valorisation de l’expérience client », indique le copropriétaire de la Ferme Les Délices du Rapide. Il mentionne que l’implantation prend trois ans et que ces fleurs nécessitent ensuite peu d’entretien. « La première année, après le semis, c’est épeurant. On voit juste des graminées. On se demande si ce n’est pas plutôt de la mauvaise herbe qui va pousser, finalement. On a semé en 2019 et on a vu un super beau résultat en 2021. Ensuite, l’entretien, c’est facile : une fauche en fin de saison », décrit-il.
Michel Aubé, conseiller aux ventes pour l’entreprise Gloco, qui commercialise des semences de plantes mellifères, remarque que la demande est en hausse pour les semis de fleurs. « Je dirais que depuis trois ans, on a trois fois plus de demandes. Les gens qui ont de grands terrains sont plus sensibilisés à la biodiversité, et les agriculteurs aussi. J’ai une cannebergière avec qui j’en suis à un troisième projet d’implantation de bandes florales. Pour eux, c’est très rentable. Les pollinisateurs naturels diminuent leurs locations de ruches », dit-il. La propriétaire de Pépinière Ancestrale, Marianne Paris, qui offre aussi des mélanges floraux, ajoute qu’il importe d’attirer les insectes pollinisateurs au moment de la floraison de sa production agricole (pour les pommes, les canneberges et les tomates, par exemple) tout en évitant l’erreur de penser uniquement à cette période. « Si tu veux beaucoup de bourdons, il ne faut pas juste les attirer deux semaines. Il faut des fleurs pour qu’ils restent toute l’année », mentionne celle qui préconise d’implanter un mélange de fleurs mellifères additionné d’une variété d’arbustes à floraison décalée, comme le lilas, la camerise, le caraganier ou le rosier sauvage, dont plusieurs produisent de surcroît des fruits comestibles. « Le bourdon est plus tough au froid que les abeilles. Si c’est froid lors de la floraison des pommiers, les bourdons feront une immense différence sur la pollinisation, sur le nombre de pommes, leur taille et leur conservation », assure-t-elle.
Pour moins tondre sa pelouse
Au-delà de la production en champ, Michel Aubé constate que les propriétaires de grands terrains en campagne s’intéressent de plus en plus aux semis de fleurs et au gazon écologique. « J’ai des clients qui sont tannés de passer des heures sur leur tracteur à gazon. Ils décident de mettre des mélanges de fleurs vivaces pour que ce soit beau et sans entretien. Il existe des mélanges de différentes hauteurs, ça peut être une prairie naine, qui se tond occasionnellement ou pas du tout durant l’été. Ou des variétés qui montent à plus d’un mètre. Certains s’en servent même comme haie », explique-t-il. Il ajoute que des villes testent aussi des mélanges de gazon écologique, à base de trèfle et de lotier, entre autres, qui nécessitent moins de tonte, mais qui peuvent la tolérer.
Un jeu d’enfants
L’agriculteur Marc-Antoine Pelletier a semé sa bande florale à l’aide d’un petit épandeur à gazon après avoir réalisé une simple préparation de sol avec le tracteur tout le long de son champ. Et par la suite, les semences ont été incorporées au sol par… ses enfants! « J’ai fait une petite herse pour mettre derrière leur tracteur électrique. Ils sont partis avec ça et les plantes ont levé. »
Si c’était à refaire, le producteur positionnerait autrement les arbustes que le ministère de l’Agriculture l’obligeait à avoir pour obtenir une subvention couvrant 90 % des coûts de sa bande florale. « J’avais mis les arbustes en ligne, répartis l’un après l’autre, mais pour faciliter l’entretien [la tonte annuelle de la bande florale], j’aurais dû concentrer les arbustes en quelques groupes », souligne-t-il.
Pour transformer un terrain résidentiel en une prairie naine ou en un massif de fleurs, Michel Aubé estime que l’étape la plus contraignante est simplement la préparation du sol. « Quand il y a une pelouse existante, il faut la détruire vers la fin de l’été, soit avec des toiles d’occultation ou trois passages de rotoculteur aux trois semaines ». Le printemps suivant, il faudra semer le mélange de fleurs.
M. Aubé recommande de mélanger les semences, dont certaines sont minuscules, à de la ripe de bois, de bien humidifier et de mélanger le tout pour ensuite lancer la ripe à la main. Un terrain de 500 mètres carrés se sème ainsi en une demi-journée. Le sol ne demeure pas à nu, car le mélange contient du ray-grass, une plante de couverture.