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À la Miellerie St-Stanislas, on innove de père en fils. La dernière nouveauté : le transport réfrigéré des abeilles.
« Nous possédons 1 200 ruches. Et il est de plus en plus difficile de trouver des emplacements pour les mettre en activité en Montérégie à cause de la prédominance des cultures de maïs et de soya. Aussi, depuis cinq ou six ans, le long de la frontière américaine, on observe la présence de parasites et de maladies. Il faut donc aller plus loin avec nos ruches », déclare Joël Laberge, de la Miellerie St-Stanislas, à Saint-Stanislas-de-Kostka.
Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, la demande pour la pollinisation s’est accrue dans les bleuetières du Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et du nord du Québec. Mais le transport sur de longues distances perturbe les abeilles et cela occasionne des baisses de production en miel. Les apiculteurs transportent actuellement leurs ruches sur des remorques plateforme recouvertes de filets.
Ce type de déplacement apporte également son lot de stress pour l’apiculteur. Idéalement, il faut charger les ruches en fin de journée et rouler de nuit pour bénéficier de températures fraîches. Le déchargement de la remorque doit être réalisé avant la levée du jour. Et le Lac-Saint-Jean ou Chibougamau, c’est loin.
« On ne sait jamais si on va être pris dans des travaux de construction sur la route, par exemple. Et il faut arriver à destination aux bonnes heures. Si les températures sont trop élevées, les abeilles s’activent et sortent des ruches. Cela complique le déchargement et la manipulation, il faut être habillé en conséquence. À l’opposé, avec des températures trop froides, on augmente le risque de mortalité », décrit Joël Laberge.
Transport
Le transport des abeilles dans des camions réfrigérés réduit le stress des abeilles et de l’apiculteur.
Transport réfrigéré
« J’ai fait des essais à plus petite échelle pendant deux ans avec nos deux petits camions réfrigérés. Je mesurais entre autres le pourcentage de mortalité. Et depuis 5 ans, je loue également des camions réfrigérés de 53 pieds avec des chauffeurs expérimentés », indique Joël Laberge. La température à l’intérieur de la remorque représente celle d’une nuit fraîche, soit 15 °C. « À cette température, les abeilles ne subissent aucun stress. Elles demeurent calmes tout au long du voyage », mentionne l’apiculteur. Tôt le matin ou en soirée, à l’aide d’un chariot élévateur, on transporte les palettes sur lesquelles sont solidement arrimées les ruches. « Le chargement est rapide. On économise beaucoup de temps, car il n’y a plus de filet à attacher pour couvrir les ruches », estime Joël Laberge. Une fois arrivé à destination, le déchargement se déroule promptement. Il faut environ une heure aux abeilles pour se réveiller et reprendre leurs activités. « Lorsque je suis descendu de Chibougamau le camion rempli de ruches, je me suis arrêté pour la nuit à Saint-Félicien. Je suis reparti le matin sans aucun stress », donne en exemple l’apiculteur.
Le transport réfrigéré facilite aussi d’autres opérations. « Lors de la pollinisation des vergers, il fallait travailler de nuit à charger et décharger les ruches. Maintenant, on charge à l’aube puis on décharge pendant la journée. Je n’ai plus besoin de faire travailler mes employés la nuit », souligne Joël Laberge. L’apiculteur utilise également ses camions réfrigérés lors de la fabrication de nouvelles ruches ou comme chambre froide de taille moyenne au besoin.
« Le transport réfrigéré va révolutionner l’apiculture au cours des 10 prochaines années. Cette nouvelle technique diminue grandement le stress des abeilles, mais aussi celui de l’apiculteur. Peu importe la température extérieure, le transport des ruches s’effectue à toute heure du jour », conclut Joël Laberge.
Louer ou acheter son camion réfrigéré?
« Pour effectuer le transport sur de longues distances, je préfère louer les services d’un transporteur et d’un chauffeur expérimenté. En fin de compte, le coût de location d’un camion réfrigéré n’est pas tellement plus élevé que celui d’une remorque plateforme. Au voyage de retour, c’est plus facile pour le transporteur de trouver de la marchandise à rapporter avec une boîte fermée », précise Joël Laberge. Dans une remorque fermée, on loge plus de ruches, soit 348 ou 20 millions d’abeilles. « Pour les transports sur de courtes distances, c’est pratique de posséder son propre camion réfrigéré. On peut en trouver des usagés avec 300 000 km pour 25 000 $. Il suffit de faire inspecter l’unité de réfrigération avant d’en effectuer l’achat », mentionne Joël Laberge.