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Selon une récente étude parue dans le Journal de l’ (JAMA), le tiers des antibiotiques administrés aux humains le serait inutilement. Qu’il s’agisse d’une erreur de diagnostic ou d’un problème de compréhension parentale, le résultat reste le même : la résistance des bactéries aux antibiotiques augmente. Mais retrouve-t-on le même scénario chez les animaux? Rien n’est moins sûr.
Deux milieux très différents
« Chez les chiens et les chats, certains ont tendance à reproduire ce qui se fait chez l’humain, à cause de la proximité avec le maître, explique Simon Dufour, vétérinaire et professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Mais chez les animaux d’élevage, la situation est beaucoup plus délicate, parce qu’il faut mettre les animaux en quarantaine pendant un moment, ce qui peut signifier de grandes pertes pour le producteur. » Chez les producteurs de lait, notamment, donner des antibiotiques aux vaches implique le gaspillage de tout le lait contaminé par ceux-ci, les règlements sanitaires canadiens étant très stricts sur la question.
Il peut cependant arriver que l’on administre des antibiotiques dans le cas d’une infection virale en toute connaissance de cause pour prévenir une surinfection d’origine bactérienne. C’est le cas pour le complexe respiratoire bovin. Bien qu’il soit causé par un virus, ce sont les complications bactériennes qui sont les plus dangereuses. « Quand les veaux viennent d’être sevrés et qu’ils changent d’étable, le contact avec des microbes extérieurs peut leur faire développer le complexe respiratoire bovin, précise M. Dufour. Et si on ne leur donne pas d’antibiotiques pour prévenir les surinfections, ils meurent. »
Et l’antibiorésistance?
C’est la résistance aux antibiotiques que développent les bactéries qui inquiète le plus le monde de la santé. Si une trop grande résistance apparaît, certaines maladies bactériennes pourraient devenir extrêmement difficiles à traiter. On accuse souvent les animaux d’élevage de contribuer à cette résistance, mais Simon Dufour se permet de souligner certains bons coups du milieu agricole. « Chez les bactéries qui affectent les vaches laitières, on retrouve très peu d’antibiorésistance, probablement parce que les producteurs ne traitent qu’en dernier recours. Et dans le domaine aviaire, l’industrie a déjà arrêté d’utiliser un antibiotique afin de protéger l’humain, qui utilise ce même antibiotique. »
En ce sens, l’industrie pharmaceutique commence à axer ses priorités sur les traitements préventifs comme des vaccins plutôt que réactifs comme des antibiotiques. L’Agence de la santé publique du Canada a par ailleurs démarré le Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICRA), qui surveille la situation à l’échelle nationale. « En agriculture, on est très partisans de ce qu’on appelle faire un usage judicieux des antibiotiques, conclut Simon Dufour. On ne suggère pas nécessairement de les réduire ou de les arrêter, mais bien de mieux les utiliser. »