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Le journaliste Martin Ménard a été invité à faire partie de l’équipe du jury mandaté pour déterminer les gagnants de 2022 du concours Jeunes agriculteurs d’élite du Canada, volet Québec. Cette incursion dans l’organisation de cet événement lui a fait découvrir une fraternité quasi secrète! Voici ses observations sur le déroulement du jugement et sur la fraternité.
Dès la première réunion, plusieurs mois avant l’événement, je comprends que le concours est sérieux, structuré et riche d’une tradition d’excellence. Il est organisé par d’anciens étudiants. On nous remet d’épais documents que chaque candidat a méticuleusement rédigés. Et tout y est; performances financières, pratiques agricoles, implication sociale, passages personnels parlant de leur famille, leurs épreuves, leur vie, etc.
Les trois candidatures sont de haut niveau, le choix du gagnant sera ardu…
Après deux journées de rencontres avec les candidats, de questions et de délibérations, nous annonçons les gagnants de 2022 lors d’une soirée de gala : les frères Lessard. À ce moment, je remarque tous ces anciens gagnants des jeunes agriculteurs d’élite venir leur serrer la main, une façon solennelle de leur souhaiter la bienvenue dans ce qu’ils appellent « la famille ». Il s’agit d’un groupe tissé serré formé de moins d’une centaine de gagnants et gagnantes depuis le début du concours provincial en 1982, mais qui s’épaulent, et restent en contact ensemble. La plupart ne manquent pas les rencontres officielles de cette fraternité, trois fois par année, peu importe leur région.
Pas seuls au national
À cela s’ajoute la portion nationale du concours, où les jeunes agriculteurs d’élite du Québec (qui ne sont plus tous jeunes aujourd’hui!) se déplacent au Canada anglais pour fraterniser avec ceux des autres provinces. Les frères Lessard iront justement à Saskatoon, en novembre prochain, tenter de rafler le titre de jeunes agriculteurs élites du Canada. N’allons pas croire que les Lessard seront laissés à eux-mêmes, assure Monia Grenier, une ancienne gagnante de 2009. « Quand ils vont au national, on ne les laisse pas seuls. On monte avec eux autres. On peut se ramasser 10-15 anciens gagnants du Québec à les accompagner », dit celle qui a été couronnée, au niveau provincial, en 2009 avec son conjoint Dany Mayrand.
La confrérie pancanadienne importe beaucoup aux yeux du copropriétaire de l’une des plus grosses fermes laitières du Québec, Dominic Drapeau, gagnant de 2016. « Quand tu vas au national, tu as le même accueil qu’au provincial. Ça te permet de rencontrer des gens de partout. Il y a de beaux liens qui se créent. La famille devient immense; ça t’ouvre plein d’horizons », dit le producteur du Centre-du-Québec. Les amitiés qu’il a tissées avec les anciens jeunes agriculteurs d’élite de partout au Canada lui ont même permis d’y envoyer ses enfants pour qu’ils apprennent l’anglais dans d’autres fermes de la confrérie.
Un jeune agriculteur d’élite de… 69 ans!
J.-Alain Laroche et Céline Bélanger, les gagnants de 1988 du concours provincial, assistent religieusement aux activités de la confrérie des agriculteurs d’élite. « Ici ce sont tous des entrepreneurs, et on se donne tous des conseils. On se dit les vraies affaires. Il y a beaucoup de sincérité. Prends juste aujourd’hui, on parlait de notre transfert de ferme. Certains nous ont amené des idées qui vont nous faire analyser autrement », dit l’homme de 69 ans. Sa tendre épouse rajoute aussitôt en riant : « Moi, ce que j’aime aussi, c’est qu’il y a juste ici qu’on se fait encore appeler des jeunes agriculteurs. »
« Le concours a changé ma vie! »
Carl Marquis, gagnant de 2003, te regarde droit dans les yeux en disant que le concours des jeunes agriculteurs d’élite a carrément changé sa vie. « J’ai parti ma ferme sans être issu du milieu agricole. Quand j’ai gagné, ça m’a permis de rentrer en contact avec plusieurs agriculteurs pour qui j’avais de l’admiration, soit pour leur parcours ou leurs techniques. Ça m’a projeté vers le haut », partage l’agriculteur de Chaudière-Appalaches. Celui qui a même présidé le concours national souligne l’existence d’une grande solidarité. « L’an passé, ils ont eu un gros déluge en Colombie-Britannique et nous avons eu un gros mouvement de solidarité en envoyant de l’argent à un agriculteur d’élite qu’on connaît là-bas. »
Une infirmière qui fait partie des jeunes agriculteurs d’élite
Kristina Roarke ne travaille pas à la ferme; elle est infirmière à Victoriaville, mais son conjoint Philippe Laurendeau a été choisi comme gagnant en 2018, et, par son apport, Kristina est elle aussi devenue une jeune agricultrice d’élite et fait pleinement partie de cette confrérie. « Pour moi, c’est vraiment rendu comme une famille. On se voit chaque année : l’été, l’hiver, etc. C’est du monde positif, qui est content de se voir. C’est ressourçant de les rencontrer. C’est bon pour la santé malade. Et ça donne des idées à mon chum pour la ferme, car si tu restes toujours seul dans ton terrain de jeux, tu en as moins d’idées. »
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