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Considérant la quantité d’appels qu’ils reçoivent depuis quelque temps et tout ce qu’ils entendent sur le terrain, des encanteurs du milieu agricole ne s’étonneraient pas de voir un nombre significatif de fermes laitières cesser leurs activités dans les années à venir.
« Pour 2024, ce que je reçois comme appels de producteurs qui veulent vendre, c’est pas mal plus que les années précédentes », constate Johanne Boulet, copropriétaire des Encans Boulet, à Montmagny, dans Chaudière-Appalaches.
« J’ai déjà sept demandes et j’en attends beaucoup plus que ça. Je pense que je pourrais me rendre facilement à 10-12. Normalement, au printemps, ça tourne plus autour de six ou sept », compare celle qui fait des encans de fermes depuis 38 ans. Le pouls du terrain la laisse présager que la prochaine année pourrait être déterminante.
« Quand je parle à des représentants de moulée, des centres d’insémination, des banques; ils disent que plusieurs producteurs vont fermer leurs portes. […] Si tout le monde allait à l’encan, je pense que ce serait flagrant, mais une grosse partie des producteurs ne passe pas par l’encan. »
Éric Therrien, des Encans Sélect gène, à Saint-Elzéar, est du même avis. « Je reçois beaucoup de téléphones de gens qui s’informent. Je sens que plusieurs sont en réflexion, qu’il va y avoir du mouvement », observe celui qui est lui-même producteur laitier.
Holstein Québec le remarque aussi, selon sa directrice générale Patricia Normandin.
Encanteur à Saint-Hyacinthe, en Montérégie, Daniel Paul-Hus se fait un peu moins alarmiste, rappelant que les fermetures d’entreprises laitières ne datent pas d’hier. Ce qui le frappe en revanche, tout comme ses confrères sondés par La Terre, c’est le manque flagrant de relève et de main-d’œuvre actuellement auquel s’ajoute la lourdeur du travail et de la bureaucratie, qui mettent beaucoup de pression sur les épaules des producteurs.
Potentiellement 800 fermes laitières de moins d’ici 2030
Dans la dernière décennie, le nombre de fermes laitières au Québec a connu une décroissance annuelle de 3 % en moyenne, passant de près de 6 000 en 2013 à environ 4 300 en 2023. Les Producteurs de lait du Québec (PLQ) anticipent que cette tendance se poursuive dans les années à venir. D’ici 2030, il pourrait donc rester à peine plus de 3 500 fermes, soit 800 de moins qu’actuellement. Les PLQ affirment, en revanche, que cette tendance provinciale ne détonne pas de ce qui est observé ailleurs au Canada ainsi que dans d’autres pays, tels que les États-Unis ou la France.
Écrit avec la collaboration de Martin Ménard