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De jeunes agriculteurs et producteurs canadiens arrivent maintenant armés de la technologie et influencent le secteur sans avoir nécessairement de terres agricoles à leur disposition, préférant plutôt exploiter des niches agricoles.
C’est un documentaire Netflix que Michael Nantais a regardé pendant les premiers mois de la pandémie qui a cimenté son amour pour l’agriculture durable.
Le jeune homme de 26 ans qui a grandi à Pointe-Claire, une ville de la banlieue de Montréal, a commencé à expérimenter dans le jardin de sa mère, en cultivant du chou frisé, des concombres et des courgettes pour la première fois il y a plus de quatre ans.
« Je ne savais pas grand-chose à l’époque, a-t-il expliqué. J’achetais des semis et je les plantais. »
Puis est venu le moment des changements dans sa vie et ses projets de carrière.
Michael Nantais est passé d’un diplôme d’économie à l’université à un programme de biologie pour en apprendre davantage sur les plantes. Il s’est concentré sur l’apprentissage de tout ce qui concerne l’agriculture, d’abord dans un laboratoire de sol végétal, puis dans une ferme verticale à Montréal. L’agriculture verticale empile les cultures verticalement en couches, généralement dans une configuration intérieure, ce qui permet aux agriculteurs de contrôler l’éclairage, l’humidité et la température. Elle gagne en popularité, en particulier dans les zones urbaines.
« Est-ce que j’avais décidé de faire de l’agriculture verticale lorsque je me suis tourné vers la biologie? La réponse est non », s’est-il souvenu. « J’étais ouvert d’esprit (…) Je voulais simplement apprendre. »
Les jeunes Canadiens ne possèdent peut-être pas les terres agricoles ou la machinerie lourde nécessaires pour se lancer dans une carrière agricole traditionnelle, mais ils sont équipés de la technologie. Cela change la façon dont ils mettent un pied dans la porte, même s’ils ne viennent pas de familles d’agriculteurs.
Traditionnellement, de nombreux étudiants en agriculture venaient des zones rurales et prévoyaient de reprendre une ferme un jour, a expliqué Jay Steeves, doyen de la Werklund School of Agriculture & Technology du Olds College en Alberta.
Aujourd’hui, de plus en plus d’étudiants des zones urbaines rejoignent les programmes agricoles des écoles, et les diplômés trouvent des créneaux dans ce domaine.
M. Steeves s’est souvenu d’un projet scolaire réalisé il y a un an, lorsqu’un étudiant cultivait de la laitue dans sa chambre d’étudiant et pouvait contrôler à distance différents environnements, l’humidité et l’intensité lumineuse.
« L’idée d’un étudiant ou d’un individu dans une toute petite chambre d’étudiant avec une exploitation de culture de la taille d’un mini-réfrigérateur fait partie de l’agriculture à l’heure actuelle », a mentionné M. Steeves, « et produit désormais des aliments qui peuvent être utilisés et consommés par n’importe qui sur la planète. »
Un démarrage à petite échelle
L’innovation est essentielle pour les agriculteurs en herbe, a déclaré Craig Klemmer, économiste principal à Financement agricole Canada. Commencer petit pourrait être la première étape.
« Avec l’évolution de la population canadienne, cela crée de nouvelles opportunités de marché », a-t-il indiqué. Par exemple, il y a une demande croissante de viande de mouton et de chèvre, qui peut être démarrée à petite échelle et développée à plus grande échelle.
D’autres se tournent vers des domaines plus spécialisés du secteur, comme la culture d’herbes aromatiques ou le travail dans l’agriculture durable, qui nécessitent moins d’investissements en capital et de ressources pour démarrer les opérations.
« Quand on regarde les occasions, on se rend compte qu’elles se situent davantage dans des niches plus petites, a avancé M. Klemmer. Trouver une solution nouvelle et créative, nouer des partenariats serait une bonne façon de commencer. »
Michael Nantais a déménagé à Toronto l’année dernière pour créer sa propre entreprise de ferme verticale avec un investissement de son oncle, mais s’est heurté à un problème logistique : trouver un espace de location approprié pour l’exploitation.
Il a plutôt décidé de s’associer à une ferme verticale existante, Living Earth Farm, qui cultive des tournesols, des pois, des radis, du basilic, de la coriandre et de la roquette, entre autres micropousses.
Il exploite la ferme en tant que partenaire et prévoit d’y rester un certain temps. « Nous espérons pouvoir nous développer, augmenter notre offre et commencer à en vendre davantage. »
Des coûts importants
L’exploration de niches agricoles intervient à un moment où les coûts des terres et des machines agricoles ont augmenté de façon exponentielle au fil des ans.
Selon le rapport sur la valeur historique des terres agricoles de Financement agricole Canada, le prix des terres agricoles dans le sud de l’Ontario est passé d’une moyenne de 2 616 $ l’hectare en 1996 à environ 23 100 $ l’hectare en 2023. D’autres provinces ont connu des hausses de prix similaires.
« En réalité, si nous examinons la production agricole traditionnelle au Canada à grande échelle, les barrières à l’entrée sont très élevées, a soutenu M. Klemmer. Il faudrait beaucoup de capital pour réaliser ces investissements. »
Cela signifie que tout le monde n’est pas en mesure de posséder une installation ou d’exploiter une ferme, quelle que soit sa taille.
M. Steeves a affirmé que de nombreux jeunes diplômés du collège agricole se tournent vers des domaines tels que la phytologie et travaillent avec de plus gros producteurs pour les aider à devenir plus efficaces.
Les travaux sur le terrain, notamment les évaluations par drone, la gestion des ravageurs et les analyses de sol, sont des emplois qui trouvent de plus en plus leur place parmi les travailleurs agricoles modernes qui veulent faire partie du système alimentaire, mais ne peuvent pas posséder leurs propres exploitations.
« Il ne s’agit pas tant d’exploiter et de posséder que de faire davantage de consultation pour la production », a déclaré le doyen de la Werklund School of Agriculture & Technology.
La résilience peut être très utile pour un jeune agriculteur. Comme pour tout autre emploi, les futurs agriculteurs ont besoin de compétences générales, telles que le réseautage et la capacité de se déplacer pour trouver un emploi, selon lui.
Malgré l’intérêt croissant pour l’agriculture et une culture croissante de la culture de ses propres aliments, il existe toujours une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur agricole.
Alors qu’un grand nombre d’agriculteurs canadiens se dirigent vers la retraite, de moins en moins de jeunes se portent volontaires pour assumer ces rôles. Environ 61 % des exploitants agricoles canadiens avaient 55 ans et plus, selon un rapport de Statistique Canada de 2021. Entre-temps, le nombre d’agriculteurs de moins de 35 ans est tombé à 8,6 % en 2021, contre 11,5 % en 2001.
« Je pense que nous avons encore besoin de plus de personnes », a fait valoir M. Steeves.
D’après lui, il y a une place pour que chacun puisse faire partie de l’agriculture — si ce n’est au niveau de l’agriculteur ou du producteur — et se sentir toujours connecté à l’industrie.
« Nous essayons toujours de nous débarrasser du mythe selon lequel il faut venir de ce milieu pour s’impliquer », a expliqué M. Steeves.
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