Actualités 28 août 2014

Relève assurée pour Christiane Massé!

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Si en 1989 on avait dit à Christiane Massé que sa petite ferme biologique de Coaticook deviendrait un jour « l’inventrice » d’un condiment unique et un moteur de développement économique, elle aurait bien ri, elle qui rêvait modestement d’autosubsistance.

Pourtant, elle a su créer une entreprise solide, dont elle s’apprête à transférer les rênes avec fierté après presque un quart de siècle.

Aujourd’hui, le réseau de producteurs d’ail que cette femme dynamique a contribué à mettre sur pied cultive une vingtaine d’acres, tandis que sa fleur d’ail fermentée dans l’huile Le Petit Mas est devenue au fil des ans un intéressant succès commercial. Christiane Massé sourit quand elle pense que la recette de ce condiment au goût délicat, qui rehausse autant grillades que vinaigrettes, légumes, poissons ou casseroles, lui est venue grâce à une erreur de parcours.

Un merveilleux accident

« J’avais l’habitude de couper ces fleurs pour les mettre dans mes salades, se souvient-elle; jusqu’au jour où j’en ai eu trop et j’ai dû les hacher et les mettre en pot avec de l’huile pour les conserver. » Oubliant le contenant pendant trois mois au réfrigérateur, elle a eu la surprise de constater que les ingrédients avaient fermenté et pris une saveur délicieuse, un peu sucrée et très différente de la fleur d’ail fraîche, qui goûte plutôt l’oignon et se révèle un peu piquante : la fleur d’ail fermentée était née. Celle-ci permet aux producteurs associés à la ferme Le Petit Mas d’effectuer deux récoltes par saison plutôt qu’une, pour une meilleure rentabilité. On cueille d’abord la fleur à la mi-juin, puis l’ail frais deux mois plus tard. « L’ail que nous cultivons comporte une grosse tige dure : on le plante au mois de septembre. Au Québec, on met souvent en terre celui à tige molle, que l’on peut tresser en chapelets, mais qui ne donne pas de fleurs », précise Mme Massé.

Rêve réalisé : relève assurée!

Et comble de bonheur, cette dynamique entrepreneure a pu trouver dans sa famille un solide trio pour reprendre les rênes de l’entreprise à laquelle elle a consacré le meilleur des 23 dernières années. « Je transfère dans les prochains jours les titres de ma compagnie aux filles de mon mari, Laurie-Anne et Marie-Pierre Dubeau, de même qu’au conjoint de Marie-Pierre, Sébastien Grandmont, qui travaille déjà chez nous comme microbiologiste. Ils sont très créatifs et passionnés, autant par l’aspect agricole qu’entrepreneurial » se réjouit celle qui, il y a quatre ans à peine, ignorait ce qu’il adviendrait de la ferme Le Petit Mas à sa retraite.

L’union fait la force

Christiane Massé considère l’avenir prometteur, même si l’ail chinois accapare plus de 80 % du marché. « Les consommateurs québécois demandent de plus en plus l’ail d’ici. Ceux qui l’ont goûté savent qu’il est vraiment meilleur et sont prêts à payer davantage pour l’obtenir, ce qui nous amène à augmenter notre production. » D’où l’importance de disposer d’un regroupement d’agriculteurs, puisque tous cultivent de petites superficies en raison des exigences de cette exploitation. « Pour pouvoir prendre de l’espace tablette dans les grandes chaînes à la place des Chinois, il était crucial de travailler en groupe et de savoir répondre à la demande de manière continue », d’ajouter Mme Massé. Si l’aventure s’est parfois avérée difficile, aujourd’hui ces agriculteurs réunis sous la marque Le petit Mas voient leur ail écoulé dans pas moins de 1 000 points de vente au Québec.