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VICTORIAVILLE — Lorsque l’employé François Pellerin, 68 ans, descend de son camion rouge, il est accueilli avec un grand sourire par Martin Dupuis, 35 ans, propriétaire d’une érablière de 10 000 entailles à Victoriaville, dans le Centre-du-Québec. « Salut mon ti-père », lui lance-t-il. « Salut fiston », répond le sexagénaire en lui serrant l’épaule.
Le hasard de la vie a voulu que la route des deux hommes se croise, eux qui ont un point en commun : chacun a perdu son père trop jeune. C’est dans ce contexte que M. Pellerin, un ancien producteur de lait de la municipalité voisine, s’occupe de faire bouillir l’eau d’érable et de combler différentes tâches, parfois même gratuitement. « J’ai perdu mon père tôt et j’aurais souvent aimé qu’il soit là pour m’aider. Je veux donner ce que je n’ai pas eu », dit tout bonnement François Pellerin. Évidemment, le retraité le fait aussi pour le plaisir, lui qui retrouve sa passion pour le travail agricole.
Pour l’acériculteur, la présence de M. Pellerin est une bénédiction, surtout en cette période de pénurie de main-d’œuvre. « Juste avoir des employés ce n’est pas évident. Lui est disponible et il travaille ici comme si c’était sa propre business, comme s’il était mon père. Avoir un gars d’expérience, qui ne se laisse pas distraire, qui veille à son affaire, c’est sûr que ça représente un gros coup de pouce », soutien Martin Dupuis, qui peut partir dans le bois colmater les fuites de son réseau de tubulure en sachant que son employé veillera sur l’évaporateur et prendra les initiatives nécessaires, comme nettoyer les buses des brûleurs.
Plus qu’une relation de travail
La relation des deux hommes dépasse celle du travail, car l’employé est même devenu un mentor. « L’expérience que j’ai, je lui partage. Martin n’est pas un gars chialeux, et c’est important, car quelqu’un qui ne comprend pas les conseils ou qui fait à sa tête, tu le laisses faire », dit M. Pellerin. De son côté, l’acériculteur apprécie le savoir et la vision de son employé. « Il m’a appris à prendre le temps de faire les choses. Peu importe les problèmes, il en a déjà vu. Il me dit que les badluck, ça arrive, qu’il faut les prendre avec un pas de recul, comme à l’époque, quand il perdait une vache. Je suis souvent porté à courir, lui il prend plus le temps de réfléchir à la solution. Parfois, j’arrive pour acheter une bébelle et il me dit : « As-tu vraiment besoin de ça ? » »
François Pellerin se sent pratiquement chez lui dans l’érablière. Il prend en charge certains travaux en décidant de son propre horaire, comme les matériaux isolants qu’il a installés sans même charger ses heures. « Un jeune, ce n’est pas obligé qu’il soit serré au cou tout le temps. Je peux me permettre de l’aider. Je lui avais dit au début que s’il ne tirait pas la couverture, je ne la tirerais pas non plus. »