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L’un des plus gros producteurs bovins de l’Abitibi-Témiscamingue – et du Québec –, la Ferme R. Bordeleau, met tout en œuvre pour donner un coup de main aux producteurs d’Abitibi-Ouest forcés d’évacuer leurs troupeaux en raison des feux de forêt qui font rage dans le Nord-du-Québec, l’Abitibi-Témiscamingue et le nord de l’Ontario.
L’élevage de 2 000 têtes est situé à Clerval, un village de moins de 400 habitants, en préalerte depuis mardi soir (6 juin), c’est-à-dire que les citoyens doivent préparer le nécessaire de survie pour 72 heures, advenant qu’une évacuation soit ordonnée. En date du 7 juin, le feu le plus près se trouvait à une trentaine de kilomètres du village.
Plus au nord, à Normétal et à Saint-Lambert, la population a dû être évacuée vers La Sarre au cours des derniers jours. La Ferme R. Bordeleau, qui commercialise du bœuf Angus et Wagyu à l’échelle de la province sous le nom des Viandes à côté du Bordeleau, met à la disposition des ressources tant matérielles que logistiques et humaines.
« On prête main-forte à un peu tout le monde, en coordination avec l’UPA [Union des producteurs agricoles]. On a une vanne d’animaux, on a de l’équipement mobile pour transporter des animaux, donc on va où on a besoin. On a évacué des producteurs à Saint-Lambert. On est en train d’en évacuer à Dupuy et à La Reine. À Dupuy, il n’y a pas d’ordre de pré-évacuation, mais c’est quand même près et ce sont des gros troupeaux », explique Laurie Côté-Sarrazin, copropriétaire de l’entreprise.
Une situation géographique favorable pour le moment
Elle considère que son troupeau est présentement en relative sécurité, notamment parce qu’il est dispersé dans des pâturages à Authier-Nord et à Macamic, deux villages beaucoup plus à l’est de l’élément destructeur, du moins pour le moment.
« Ça ne sert à rien de paniquer, dit l’éleveuse. Nous, on n’est pas tant entourés de forêts. Il y a beaucoup de champs, et le problème à Saint-Lambert, c’est qu’il y a beaucoup de champs qui n’ont pas été cultivés, qui n’ont pas été ramassés dans les dernières années. Donc, le feu peut se propager un peu plus rapidement. Alors qu’ici, c’est quand même labouré, bien entretenu, et on est plus loin des forêts. »
Priorité : aider son prochain
Laurie Côté-Sarrazin précise que des scénarios d’évacuation sont quand même réfléchis, car la situation « change d’heure en heure ». « On se tient au courant et on va aider notre prochain. À un moment donné, on sera peut-être sur la liste et on verra en temps et lieu ce qu’on fait », témoigne-t-elle en affichant un calme renversant.
« Pour le moment, l’important, c’est que les gens dorment, que les gens mangent. On a mis en place des repas qui sont donnés aux chauffeurs qui transportent les animaux et qui font beaucoup d’heures. On essaie d’offrir un peu de répit parce que depuis les deux ou trois derniers jours, c’est assez intense », fait remarquer l’agricultrice.
Les agriculteurs d’Abitibi-Ouest demeurent tout de même sur un pied d’alerte, tentant d’évaluer la situation avec calme et assiduité, de manière à ne pas évacuer des animaux vers des lieux qui pourraient éventuellement être rattrapés par les flammes.
Les pannes de courant que tout le monde redoute
Avec la mécanisation des fermes et le recours à l’électricité pour des opérations aussi cruciales que l’alimentation, des pannes de courant qui viendraient s’ajouter à la menace des feux de forêt constituent une source d’inquiétude pour les producteurs agricoles de l’Abitibi-Ouest.
Une panne d’électricité de deux heures survenue le 2 juin a mis le problème en évidence aux Viandes à côté du Bordeleau. « C’est probablement en raison d’un mini-feu qui s’était déclaré près de la ligne de haute tension », selon Laurie Côté-Sarrazin.
« Il fallait charrier de l’eau, illustre-t-elle. Nos broches électriques ne fonctionnaient plus. J’ai des congélateurs pleins de viande. Les producteurs laitiers aussi, tout est robotisé, mécanisé, électronique. On a besoin d’électricité pour faire fonctionner nos fermes. Il ne faut surtout pas que les feux touchent à l’électricité. »
À la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), on indique que la priorité d’intervention vise les vies humaines. « La priorité numéro deux sont les infrastructures critiques et stratégiques, dont les lignes hydroélectriques et les tours de communications. Présentement, où nous en sommes avec la charge de travail, on est revenus à la première priorité. On intervient principalement là où il y a une menace pour la vie humaine. Certainement, on évalue aussi la deuxième priorité. On intervient sur certains incendies où il y a une menace pour des lignes électriques également », fait valoir Mélanie Morin, agente à la prévention et aux communications de la SOPFEU.
En date du 7 juin, seulement une poignée de clients sont privés de courant en Abitibi-Ouest, tous localisés dans le secteur urbain de La Sarre.