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LA MOTTE — Les terres agricoles à l’abandon se sont multipliées en Abitibi-Témiscamingue au fil des ans. Si elles ne sont pas courtisées par des entreprises du sud du Québec ou même de la Chine, elles deviennent en friche ou le lieu d’une plantation de résineux. Mais si l’on y plantait des bouleaux?
Les plantations de bouleaux sont à peu près inexistantes au Québec. Un producteur forestier et chercheur à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) s’est mis en tête de changer la donne. Depuis 10 ans, Philippe Duval fait pousser 10 000 bouleaux à papier sur cinq anciennes terres agricoles. Par ses recherches, il veut faire valoir le potentiel commercial et environnemental de cette essence.
« Je me suis toujours demandé pourquoi on ne plantait pas plus de bouleaux », raconte le chercheur. En Finlande, 17 % des arbres plantés sont des bouleaux et leur habitat est principalement constitué d’anciennes terres. Au début de son expérience, en 2006, Philippe Duval a récolté des semences de neuf endroits : Duparquet, Témiscaming, Guérin, Laniel, Saint-Maurice, Petawawa, l’Estrie, la Gaspésie et les Laurentides. Depuis, il en fait une surveillance et un entretien accrus en mesurant avec précision les spécimens, en contrôlant les espèces compétitrices et en effectuant l’élagage périodiquement.
En 10 ans, ses bouleaux à papier ont atteint près de 9 mètres de hauteur et 12 centimètres de diamètre. « C’est très encourageant », affirme-t-il. Philippe Duval croit que le Québec gagnerait à faire plus de place à ce feuillu recherché et payant pour l’industrie du bois de déroulage. Selon lui, les producteurs pourraient obtenir jusqu’à 400 $ ou 500 $ par mètre cube. « De plus, la sève de bouleau gagne en popularité sur le marché et la récolte des arbres de moins bonne qualité peut servir pour le bois de chauffage », ajoute le producteur forestier.
André Ouellet, l’un des propriétaires qui participent à l’expérimentation, est aussi très optimiste. « Tout le monde me dit : “Wow, c’est beau, ta plantation de bouleaux!” » témoigne-t-il. Diversifier la végétation sur ses terres pour les bienfaits de la nature et de son paysage le séduit. Varier ses sources de revenus fait également partie de ses motivations.
« Être trop dans la même direction, ça nous nuit. Si on est juste dans les résineux et que ça s’écrase, tout s’écrase », estime-t-il.
Les prochaines étapes du projet consistent à éclaircir les sites et à effectuer un élagage final afin d’obtenir une bille sans nœuds d’au moins trois mètres. Ensuite, le croisement des meilleurs individus permettra l’amélioration génétique de l’espèce.