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Mélissa Corriveau est d’une nature précoce. Elle s’est inscrite à son premier concours d’éleveurs à l’âge de sept ans. Quatre ans plus tard, elle choisissait et préparait seule ses génisses en vue des compétitions. Et voilà qu’à 23 ans, elle est propriétaire à part entière d’une ferme laitière à Saint-Raphaël, en Chaudière-Appalaches.
« J’ai toujours aimé le travail de la ferme. Après l’école, je courais à l’étable au lieu de faire mes devoirs », raconte cette diplômée en gestion et exploitation d’entreprise agricole. « À la fin de mon secondaire, c’était clair que j’allais m’inscrire à [l’Institut de technologie agroalimentaire de] La Pocatière. »
Il était tout aussi clair dans l’esprit de la jeune femme que, son diplôme en poche, elle allait prendre possession avec son frère aîné de l’entreprise familiale. Mais, tout calcul fait, la ferme de 50 vaches ne pouvait pas faire vivre trois familles. Le frère aîné, déjà bien installé sur la terre, a été désigné pour prendre la relève.
Ébranlée, mais refusant de s’apitoyer sur son sort, elle a mis le cap sur l’Alberta pour faire un stage dans une étable en stabulation libre. « J’avais tout à apprendre moi-même, car mes patrons ne parlaient pas français. Pour améliorer mon anglais, je profitais de mes congés pour visiter les expositions agricoles. Je me suis créé un réseau de contacts. »
Une occasion à saisir
Avant le départ de Mélissa Corriveau pour l’Ouest, sa mère avait évoqué l’idée qu’elle puisse reprendre la ferme de son oncle, qui présentait des signes de déclin. Son père, maître-éleveur, s’engageait pour sa part à lui fournir un certain nombre d’animaux par année pour remplacer graduellement le troupeau de 70 vaches.
« Je voyais tout l’ouvrage à abattre pour remettre la ferme en état et je n’étais pas certaine de pouvoir y parvenir. Mais en Alberta, où j’étais pas mal laissée à moi-même, j’ai vu que j’étais capable d’abattre une grosse somme de travail et de repousser mes limites. Le déclic s’est fait là », raconte-t-elle.
À son retour, elle s’est rendue chez son oncle. Les négociations ont pris plusieurs mois. « Il n’était pas prêt à vendre et je devais faire mes preuves. » La jeune femme s’est donc rapidement mise à l’ouvrage et les résultats ne se sont pas fait attendre. En quelques mois, elle a pu réduire le troupeau à 45 vaches tout en améliorant la productivité. Elle a aussi pris en charge la gestion des fournisseurs. « Mon oncle a vu que j’étais dans mon élément », dit-elle en riant.
Négociations
Ainsi, après un an et demi de travail ardu, de discussions et de recherche de financement, Mélissa Corriveau a réalisé son rêve. Depuis quelques semaines, elle est la seule et heureuse propriétaire de la ferme, judicieusement rebaptisée Lavolonté.
La productrice est aussi seule pour tout faire. Talentueuse avec les animaux, mais pas familière avec les tracteurs – qui étaient plus le domaine de son frère –, elle doit s’astreindre notamment à ouvrir les manuels d’instruction « quand les alarmes clignotent ».
Acheter sa ferme n’était qu’un premier pas. Ambitieuse, Mélissa a conscience de tout ce qu’il reste à accomplir. Trop longtemps négligée, l’étable nécessite encore beaucoup de travail et d’investissements. « Il faut parfois accepter d’être patient avant que son entreprise reflète tout ce qu’on veut », dit la jeune femme qui n’a vraisemblablement pas l’habitude de perdre son temps.