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Une douzaine de producteurs de l’île d’Orléans, surtout de pommes de terre et de grains, affirment que leurs coûts de transport ont explosé depuis qu’une restriction de charge sur le pont qui traverse le fleuve Saint-Laurent vers Québec ne leur permet plus de remplir les camions pour la livraison de leurs produits à leurs acheteurs. Dans certains cas, la facture additionnelle est de l’ordre de 40 000 $ par année.
Beaucoup plus de voyagements sont requis pour respecter le poids limite fixé à 48 tonnes pour les semi-remorques en attendant qu’un nouveau pont soit construit, en 2028. « Les pommes de terre [et les grains], ce sont des produits de volumes, où il n’y a pas de grosses marges de profits. Nous, normalement, on remplit toujours nos camions le plus possible pour rentabiliser les voyages », exprime Frédéric Blais.
Les producteurs de pommes de terre et de grains dont les chargements pour le transport sont plus lourds que pour d’autres types de denrées se retrouvent parmi les plus pénalisés pour effectuer des livraisons à l’extérieur de l’île d’Orléans sur de longues distances, depuis l’imposition d’une limite de charge sur le pont en 2020, constate la fédération régionale de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Frédéric Blais, par exemple, remplit normalement ses camions avec 39 tonnes de maïs ou de pommes de terre, mais doit maintenant abaisser les chargements à 29 tonnes, pour respecter la limiter totale de 48 tonnes.
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« Ce qui va vers Montréal, ça nous touche plus, à cause de la distance. On doit faire au moins 50 chargements de plus par année pour les livraisons », ajoute celui dont la majorité des pommes de terre sont dirigées vers la métropole pour la transformation ou pour être exportées aux États-Unis, tandis que les grains sont livrés sur la Rive-Sud, dans la région de Québec.
Pour son maïs, il raconte avoir refusé des clients du Nouveau-Brunswick dernièrement parce que les voyagements à cette distance ne sont pas rentables à 75 % de capacité. « Pour un voyage de 29 tonnes au lieu de 39 tonnes, le transporteur va me charger le plein voyage quand même », fait valoir l’agriculteur, qui estime à 30 000 $ les coûts de transport directs et indirects qu’il doit dorénavant assumer de plus annuellement.
Son confrère Frédéric Prémont évalue ses frais supplémentaires à 45 000 $ par année. « À chaque voyage, c’est 25 % de moins dans la van. C’est plus de logistique de transport, plus de chargements. Ça ralentit aussi un peu les récoltes. »
Demande de dédommagement
La fédération régionale de l’UPA talonne les ministères des Transports (MTQ) et de l’Agriculture (MAPAQ) du Québec depuis un moment pour qu’un dédommagement soit accordé aux producteurs les plus écorchés par les restrictions de charge sur le pont. En 2021, l’organisation a réalisé une étude d’impact pour mieux chiffrer les répercussions sur les fermes de l’île d’Orléans dans l’espoir d’obtenir de l’aide, mais en vain.
« Le ministère des Transports ne veut pas comprendre que c’est une situation particulière. Ce n’est pas un ponceau en Abitibi ou dans Chaudière-Appalaches. On parle de huit ans enclavés et plusieurs producteurs touchés », s’insurge François Blouin, président de l’UPA de l’île d’Orléans, qui ne compte pas lâcher le morceau. Affirmant recevoir peu d’écoute du MTQ, il relancera le MAPAQ et La Financière agricole du Québec prochainement pour faire bouger les choses.
Pas de programme d’indemnisation, selon le MTQ
Il existe un formulaire de réclamation en cas de dommages de tous types au ministère des Transports du Québec (MTQ), mais aucun programme d’indemnisation particulier pour les désagréments occasionnés par des restrictions de charge sur des ponts ou des travaux effectués sur le réseau routier. C’est ce qu’a affirmé un porte-parole du ministère des Transports du Québec, Nicolas Vigneault. À sa connaissance et selon des confrères qu’il a questionnés à ce propos, il n’est jamais arrivé qu’une entreprise obtienne un dédommagement en pareille situation.
« Quand on [applique des restrictions de charge ou qu’on fait des travaux], c’est pour des raisons de sécurité routière. Ce serait irresponsable de ne pas entretenir nos structures », plaide-t-il, assurant que le MTQ fait tout en son possible pour que ces mesures aient le moins de conséquences possible sur la population.
Chaque année, fait valoir M. Vigneault, des centaines de chantiers impliquant des détours sont en cours au Québec. Il serait très difficile de dédommager tout le monde.
« Quand on impose des limitations de charge comme à l’île d’Orléans, on comprend le désagrément. On ne le fait pas de gaieté de cœur, mais on n’a pas le choix ».