Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Par manque de fourrage pour nourrir l’entièreté de leur troupeau, notamment en raison de la sécheresse de l’été qui a nui aux récoltes, des producteurs de bovins de boucherie d’Abitibi-Ouest se sont résignés à se départir de dizaines, voire de centaines de vaches, dernièrement.
« D’habitude, j’ai presque 1 100 vaches, mais là on en a vendu 340 à l’automne et je vais probablement en vendre d’autres au printemps », exprime un éleveur de Clerval, Roger Bordeleau, qui n’avait jamais réduit son troupeau aussi radicalement auparavant. Le propriétaire de la Ferme R. Bordeleau explique que ses faibles récoltes de l’été, additionnées aux 3 000 balles de foin qu’il a été capable d’acheter avec les premiers versements d’assurance récolte, n’étaient suffisantes que pour nourrir environ 700 animaux.
D’autres confrères ont fait un calcul similaire, dont Luc Robitaille, de Dupuy, qui ne pouvait nourrir plus de 250 vaches reproductrices avec le fourrage qu’il avait en réserve, celui qu’il a récolté cet été et celui qu’il a acheté avec l’argent reçu jusqu’ici de La Financière agricole. Pour le copropriétaire de la Ferme Le Souvenir, il n’était pas question d’emprunter pour garder ses 350 animaux. « J’ai 64 ans et je ne veux pas hypothéquer ma retraite. J’avais 100 vaches de trop. Il aurait fallu que j’emprunte pour 100 vaches. Si j’avais eu 30 ans, on irait chercher du financement pour se débrouiller, mais pour moi, ce n’était pas une option », dit-il.
Moins de revenus à long terme
Jean-François Breton, qui est propriétaire d’une compagnie de transport à Palmarolle, constate avoir envoyé plus de vaches à la réforme qu’à l’habitude, durant l’automne. Outre la pénurie de foin, le prix élevé du bétail a aussi favorisé le phénomène, selon ce que confirment plusieurs éleveurs, dont Éric Lafontaine, de Dupuy, qui a fait passer son troupeau de 350 à 300 têtes. Ce dernier fait valoir que la réforme de vaches, bien qu’elle génère des revenus à court terme, s’avère vite désavantageuse à long terme pour un producteur de vache-veau.
Le constat est similaire pour l’éleveur Jean-Guy Godbout, de Poularies, qui s’est départi d’une centaine d’animaux. « Quand tu vends des vaches, tu vends ton revenu. Cent vaches, si elles te font 100 veaux à 2 000 $ du veau, ce sont 200 000 $ de moins de revenus dans l’année. Dans la prochaine année, on va essayer de ne pas trop réformer, sinon on ne sera plus capables de faire nos paiements. »
Incertitude
Éric Lafontaine estime qu’un tel ménage a été fait parce que les producteurs étaient dans l’incertitude. Le troisième versement d’assurance récolte, qu’ils auraient préféré avoir avant, n’arrivera finalement qu’à la fin février. « Faire venir du foin du Témiscamingue, c’est 25 $ la balle. Du sud de la province, c’est 40 $ la balle, juste pour le transport. Si on avait eu un signal clair de la Financière [que le troisième paiement] s’en venait en décembre, on aurait gardé nos vaches et acheté plus de foin, mais on n’a pas eu de nouvelles », fait remarquer le copropriétaire de la Ferme Lafontaine-Noël.
Au fait de la décision de certains éleveurs en Abitibi de réduire le cheptel, les Producteurs de bovins du Québec s’abstiennent de dire qu’il s’agit d’un phénomène généralisé. « Pour l’instant, ce sont des échos individuels. On n’est pas en mesure de se baser sur des données pour dire que c’est généralisé », a nuancé le porte-parole de l’organisation, Julien Levac Joubert.