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VILLE-MARIE – Les érablières sont éloignées, sur des terres publiques et potentiellement dans la mire des forestières. Les cabanes n’ont pas d’électricité et sont inaccessibles en voiture. Les acériculteurs du Témiscamingue font face à de nombreux défis. Le 22 janvier, ils en ont fait part à la députée solidaire de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, aussi porte-parole en agriculture pour son parti.
« Il faut être un peu fou pour faire du sirop d’érable au Témiscamingue », a lancé un acériculteur à la députée, qui avait organisé une table ronde pour en apprendre davantage sur la réalité des producteurs d’érable de la région. À cause de sa position nordique, sa production demeure marginale et surtout concentrée au Témiscamingue. Mais ce qui la distingue davantage, c’est que contrairement aux autres régions du Québec, presque toutes les entailles de l’Abitibi-Témiscamingue sont situées en terres publiques.
« Au Québec, 83 % des entailles sont sur des terres privées. Chez nous, c’est le contraire. Plus de 90 % des entailles sont sur des terres publiques », a affirmé Yan Gaudet, propriétaire de la Sucrerie du Huard et représentant de l’Abitibi-Témiscamingue auprès du Syndicat des producteurs et productrices acéricoles du Québec. Cette particularité entraîne son lot d’enjeux pour les entreprises. « C’est chèrement payé pour les acériculteurs. Les taux de location sont élevés, on est loin, on n’a pas tous l’électricité et on ne peut pas devenir propriétaires », énumère le porte-parole des acériculteurs.
Insécurité reliée à la foresterie
Lors de la table ronde, les acériculteurs présents ont aussi exposé leurs inquiétudes face à d’éventuelles coupes forestières sur leurs érablières, car actuellement, rien ne protège officiellement leur production. Deux représentants du MFFP ont tenté de se montrer rassurants. Ils ont fait valoir que les érablières situées en terres publiques occupent 1 300 hectares du Témiscamingue, alors que la superficie d’hectares de forêt productive s’élève à un million. Selon eux, les forestières n’iront pas jouer dans ces érablières. « On n’a pas de permis qui mentionnent noir sur blanc qu’il n’y aura pas de récolte, reconnaît le chef de l’unité de gestion du Témiscamingue pour le MFFP, Pascal Simard. Cette garantie n’existe pas. Oui, il pourrait y avoir une récolte de bois, mais si ça arrive un jour, on a un processus de consultation et d’harmonisation qui comprend plein de possibilités. », a expliqué
La réponse a laissé les acériculteurs dans le doute. Ceux-ci craignent ne pas faire le poids face à l’influence des forestières, même s’ils créent eux aussi de la richesse avec la forêt. Certains souhaiteraient même devenir propriétaires de « leur » terre en location. « On nous dit que la forêt doit être disponible pour d’autres fins que l’acériculture. D’autres fins, c’est quoi? La coupe forestière! Si ça, ce n’est pas privatiser la forêt pour la compagnie forestière, c’est quoi? », a déploré Yan Gaudet.
La porte-parole en agriculture pour Québec solidaire poursuivra sa consultation afin de comparer la réalité du Témiscamingue avec d’autres régions et d’entamer une réflexion sur la place de l’acériculture dans le développement économique du Québec.