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Un vaste mouvement de solidarité se déploie chez les producteurs agricoles de l’Abitibi-Témiscamingue alors que des éleveurs sont forcés d’évacuer leur ferme en raison de la progression des feux de forêt.
Depuis la fin de semaine du 3 juin, les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec sont sur un pied d’alerte. Plusieurs incendies de forêt forcent l’évacuation de municipalités nordiques. Déjà, le 4 juin, deux premières fermes ont dû être évacuées de manière préventive à Normétal, un village de près de 800 habitants qui ont dû trouver refuge à La Sarre.
Le 5 juin, c’était au tour de deux fermes de Saint-Lambert de plier bagage avec bœufs, cochons et poulets de grain. Puis, le lendemain, des agriculteurs de La Reine et de Clerval ont aussi décidé d’évacuer de manière préventive.
« On a commencé à travailler vendredi [le 2 juin] quand on a vu l’ampleur des feux. On s’est dit que peut-être que des fermes et des producteurs allaient être dans des problématiques. C’est surtout dans le coin de La Sarre. Il y en a qui ont commencé à s’orchestrer, des producteurs, des transporteurs, pour essayer de ramasser des noms et ceux qui avaient de la disponibilité », précise le président régional de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Pascal Rheault. En fin d’après-midi, le 7 juin, 730 vaches avaient été évacuées des secteurs de La Reine et de Dupuy. Les évacuations allaient se poursuivre en soirée.
Cellule de crise
Depuis le vendredi 2 juin, une cellule de crise agricole a été mise sur pied. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est en contact régulier avec la Société de protection des forêts contre les feux et le ministère de la Sécurité publique. Les producteurs à risque sont informés régulièrement par l’entremise de l’UPA. Des listes sont aussi établies pour évaluer la disponibilité des ressources, en matière tant d’accueil d’animaux que d’alimentation et de transport de foin et de bétail.
« On savait qu’il y avait de la solidarité, mais on dirait que plus le coup est dur, plus la solidarité se lève, même au niveau provincial, souligne M. Rheault. On a beaucoup de producteurs qui ont levé la main au Témiscamingue, dans la province. Je trouve ça génial que les gens lèvent la main aussi rapidement et ne comptent pas leurs heures. Ça ne dort à peu près pas, ça ne mange à peu près pas, ça transporte et ça travaille. »
Grandes productions bovines à risque
Pascal Rheault note par ailleurs que le feu se rapproche de grandes productions bovines de l’Abitibi-Ouest. « Je sais que les Lafontaine-Noël sont en train de sortir des animaux aujourd’hui [mercredi]. Je pense qu’ils ont commencé à transporter hier. Et il y a la Ferme Bordeleau qui n’avait pas transporté à date, mais c’est quand même un producteur [qui possède] au-dessus de 2 000 têtes. Ça commence à faire du monde. Ça devient extrêmement complexe », illustre-t-il, précisant que des producteurs sont aussi en contact avec des vétérinaires pour déterminer la meilleure manière de gérer la situation et de prévenir les dommages qui pourraient être occasionnés par la fumée.
Le politique à l’écoute, dit l’UPA
Le président de la fédération régionale dit aussi être en contact avec les autorités gouvernementales tant au provincial qu’au fédéral pour commencer à planifier la suite des choses. « La Confédération est en lien direct avec le ministre de l’Agriculture [André Lamontagne]. J’ai aussi fait des contacts avec la ministre Bibeau, au fédéral, qui va [soutenir] le gouvernement du Québec. Et avec la sécurité civile, on est en train de mettre tout ça en place. Il va y avoir des coûts à rembourser à des producteurs; on travaille ça présentement », assure-t-il. Il s’agit d’une information confirmée par le porte-parole du MAPAQ, Yohan Dallaire-Boily. Pour le moment, les préoccupations demeurent cependant plus terre à terre.
Et à la population générale, ce dernier demande de faire preuve de patience et de solidarité : « Au moins de se tasser du chemin quand ils voient des camions avec des remorques. Le temps est compté, laissez une chance à tout le monde de pouvoir voyager et rentrer dans les rangs, dans les fermes pour pouvoir charger les animaux et repartir au plus vite. » Même son de cloche au MAPAQ. Le porte-parole demande à la population de « respecter les consignes d’évacuation » et « d’appeler les autorités [au besoin pour pouvoir] agir rapidement ».
Foin recherché
Au cours des derniers jours, l’Union des producteurs agricoles (UPA) a fait appel aux agriculteurs qui ont du foin à leur disposition pour nourrir le bétail évacué en raison des feux de forêt. La réponse va bien au-delà des attentes et des frontières de la région, se réjouit Pascal Rheault, président régional de l’UPA. Il mentionne cependant que, comme on ne connaît pas la durée de l’évacuation en cours, d’autres appels pourraient être lancés.
« On va essayer de s’alimenter au plus proche, chez ceux qui ont du foin de disponible et prêt. Mais après ça, sans doute qu’il va falloir aller en chercher plus loin. Combien de temps ça va durer, ces animaux qui ne sont pas sur leur site? s’interroge-t-il. Présentement, ces animaux-là étaient au pacage et on les a récupérés. Donc, souvent, ils sont dans des sites d’hivernement pour ne pas les mêler avec les animaux que le producteur possède déjà. Mais là, il faut les alimenter, donc peut-être qu’on va avoir besoin de foin qui vient de plus loin. »
Pour faciliter la logistique, l’UPA demande aux producteurs qui ont du foin à partager ou qui peuvent accueillir des bêtes de la contacter via le compte Messenger d’UPA Abitibi-Témiscamingue.