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Alors que les récoltes du sud du Québec sont grandement affectées par les inondations, les agriculteurs d’Abitibi-Ouest signent une lettre rouge afin d’attirer l’attention des gouvernements sur la sécheresse qui sévit chez eux depuis le début de l’été et qui risque d’entraîner la fermeture de fermes.
« La sécheresse des sols cause beaucoup plus de dommages à nos fermes que les incendies ont pu en occasionner », écrivent-ils dans une lettre acheminée aux élus locaux ainsi qu’au cabinet du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne.
À peine une centaine de millimètres de pluie sont tombés sur l’Abitibi-Ouest depuis le mois de mai. Dans ces conditions, Éric Lafontaine, propriétaire avec sa femme et sa fille de la Ferme Lafontaine-Noël, à Dupuy, ne pourra même pas procéder à une deuxième coupe pour nourrir son troupeau de 350 vaches reproductrices.
« Et les pâturages, habituellement, on fait trois rotations, des fois quatre. Présentement, la deuxième ne suffit même pas. Ça n’a pas repoussé. J’ai un champ où les vaches n’ont pas pâturé depuis le retour des feux, le 15 juin, et il n’y a pas de regain », dit celui qui a dû évacuer son troupeau au début juin, en plein vêlage, en raison des feux de forêt qui menaçaient.
« Le sujet est sur toutes les lèvres », enchaîne-t-il, précisant que les récoltes de mauvaise qualité faites l’an passé ne permettront pas de pallier la situation. « Il faut faire quelque chose. Parce que pendant que tous les médias sont sur les inondations dans le sud du Québec, nous, on vit une réalité complètement différente qui peut être oubliée assez rapidement. On n’a pas les moyens de perdre des fermes en Abitibi-Témiscamingue. Ce serait le début de la fin. »
La travailleuse de rang Isabelle Talbot confirme que le moral des troupes est bas. Certains lui ont déjà confié vouloir mettre la clé sous la porte, dit-elle. « On a eu des chiffres l’an passé qui disaient qu’il y avait une ferme sur dix qui pensait à fermer à cause de l’inflation. Ils se disent : ‘‘Ça fait trois ans qu’on perd de l’argent et cette année, on ne sait même pas si on va être capables de nourrir nos animaux’’ », illustre-t-elle.
Le ministre Lamontagne de passage dans la région
Le 17 août, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, est allé constater les dommages liés à la sécheresse dans la région. Il a assuré son soutien aux producteurs pour cette saison désastreuse. Il a fait valoir que, même si des ajustements aux programmes sont fait annuellement, « on doit pousser la réflexion encore plus loin compte tenu des nombreux changements sur le plan climatique ».
Les initiateurs de la lettre rouge, qui ont pu lui remettre leur lettre rouge en mains propres, ont salué l’ouverture et l’écoute du ministre. Même si elle demeure optimiste, la productrice bovine Audrey Drouin, de la Ferme SG Noël, espère qu’une aide financière pourra rapidement être confirmée. « L’enjeu est que tout le monde va acheter [du foin] en même temps. On ne sera pas capables de le faire venir; on n’aura pas de transport. Plus vite on sait, plus vite on peut réserver et commencer à faire rentrer du foin », témoigne celle qui a déjà commencé à empiéter sur ses réserves pour l’hiver.
Paiement d’assurance récolte devancé
Par Caroline Morneau
La Financière agricole du Québec s’est engagée à devancer au 17 août le premier paiement d’assurance récolte accordé aux producteurs de foin et de pâturage affectés par les aléas climatiques cette saison, surtout par le manque de pluie en Abitibi-Témiscamingue et au Bas-Saint-Laurent.
Au total, 9,2 M$ sont versés en avance à 1 676 entreprises touchées, afin qu’elles aient accès rapidement à des liquidités. Un montant de 3,7 M$ est réservé à 192 producteurs de l’Abitibi-Témiscamingue, tandis qu’un autre de 1,8 M$ est accordé à 524 producteurs du Bas-Saint-Laurent.
La Financière précise que d’autres analyses sont en cours en ce qui a trait à la qualité de la première fauche et des fauches à venir. Les problèmes occasionnés par la pluie abondante dans d’autres régions du Québec sont aussi suivis de près. Durant le mois de juillet, plusieurs ont reçu des précipitations représentant plus du double de la moyenne historique.