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Depuis le mois de janvier, deux ventes sur trois de la Coopérative des encans d’animaux du Bas-Saint-Laurent, dans le secteur du Bic, à Rimouski, ont été annulées faute d’avoir le nombre minimal de veaux d’embouche requis pour procéder. La quatrième, prévue le 6 juin, pourrait subir le même sort. L’encan organise habituellement sept ventes de veaux d’embouche par année.
En date du 29 mai, seulement 163 veaux étaient préinscrits à l’encan du 6 juin. Si ce nombre n’atteignait pas 350 d’ici la vente, celle-ci était susceptible de s’ajouter à la liste des événements annulés.
Depuis deux ans, l’encan du Bic est pris dans un cercle vicieux, explique l’acheteur Julien Claessens. « Ils n’ont pas une offre de service qui est compétitive avec les [autres] encans. Ça fait boule de neige. Ils ont moins de ventes à offrir, donc moins d’acheteurs intéressés, moins de prix élevés et donc de moins en moins de [producteurs] intéressés à offrir des veaux d’embouche à vendre », décrit-il. Le problème concerne le veau d’embouche seulement, les ventes de veaux laitiers et de vaches de réforme étant stables.
Le producteur Maurice Veilleux, de Causapscal, raconte que c’est la vente du mois de juin 2022 qui lui a fait changer son fusil d’épaule. Sur la trentaine de bêtes envoyées à l’encan du Bic, le prix reçu pour ses femelles était inférieur de 225 $ par tête au prix de l’encan de Saint-Romuald, près de Québec, ou de Saint-Isidore, dans Chaudière-Appalaches. Aux ventes de l’automne 2022 et de l’hiver 2023, il a fait l’effort d’envoyer ses mâles au Bic et ses femelles à Saint-Isidore. Pour une question de logistique et malgré tout l’amour qu’il éprouve pour sa région, ce dernier a pris la décision, avec sa relève, d’envoyer la totalité de leurs veaux d’embouches à Saint-Isidore.
M. Veilleux souligne que le prix des femelles a connu une érosion en 2022, d’une part, parce qu’il n’y avait pas vraiment d’acheteurs intéressés par les génisses à ce moment-là au Bic – donc ceux qui ont acheté l’ont fait au rabais –, et d’autre part, en raison de la crise du porc. « Quand ils ont réduit les abattages de porcs qui provenaient de l’Ontario, il y avait moins de vans qui descendaient jusqu’à Rivière-du-Loup, donc il y avait moins de vans disponibles pour remonter ces veaux-là en Ontario. À Québec, il y avait encore des abattages qui se faisaient en Beauce, alors les vans [apportaient] le porc en Beauce et repartaient avec des veaux femelles en Ontario. Donc les coûts de transports étaient moindres », dit-il.
La Coopérative ne baisse pas les bras
Du côté de la Coopérative, la directrice, Nadine Gendreau, précise que les prix de vente des animaux sont arrimés aux fluctuations du marché. Elle constate bel et bien une concurrence entre les différents encans du Québec et reconnaît la corrélation entre le nombre de veaux à vendre et le nombre d’acheteurs. La situation est également attribuable, selon elle, à une diminution régionale du cheptel bovin.
Pour l’instant, indique-t-elle, il n’est pas envisagé de fermer le secteur de mise en marché du veau d’embouche à l’encan du Bas-Saint-Laurent. Toutefois, puisqu’en 2024, la Coopérative n’aura organisé que cinq ventes (dans un scénario où aucune autre vente ne serait annulée d’ici la fin de l’année), l’organisation n’aura pas le choix d’organiser seulement cinq encans de veaux d’embouche en 2025. « Est-ce que le fait de diminuer le nombre de ventes va permettre d’augmenter le volume [de veaux à vendre] à certaines ventes [l’année prochaine]? Ce sera à voir. Mais on va voir à court terme, d’ici l’automne, comment faire pour ramener un achalandage au niveau de l’encan, souligne Mme Gendreau. [On cherche à] ramener un volume [de veaux d’embouche] intéressant pour attirer un volume d’acheteurs aussi intéressants. »
L’acheteur Julien Claessens mentionne, pour sa part, que la solution ne réside pas dans le volume à offrir, mais plutôt dans une offre de service de niche, afin de se démarquer parmi les encans de la province.