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RAGUENEAU — Près du 50e parallèle, un jeune couple d’agriculteurs vit une aventure agricole unique sur la Côte-Nord : la culture de minikiwis, de poires et de houblon. Steeve Berthiaume et Karyne Lapierre sont les premiers de la région à se lancer dans ce type de culture à grande échelle.
Depuis le rachat de la Ferme Beaux Rosiers il y a près de deux ans, les propriétaires des Jardins de Carmanor font mûrir le projet de cultures de minikiwis et de poires dans le village de Ragueneau, situé à 40 km au sud de Baie-Comeau.
« Il y a une demande pour les produits communs qu’on voit à l’épicerie. […] Donc, c’est une agriculture qui va trouver preneur facilement », croit Steeve Berthiaume, un grand gaillard barbu qui a réalisé avec sa conjointe le rêve de cultiver la terre près de la mer.
Cela fait partie d’un projet de culture maraîchère et houblonnière qui totalise près de 400 000 $ d’investissement. Une étape importante a été franchie cet été alors que les propriétaires ont mis en terre environ 300 plants de minikiwis et 250 poiriers. Il s’agit de variétés rustiques capables de résister à des températures allant jusqu’à -40 °C.
Mais ici, rusticité ne rime pas toujours avec facilité. L’absence d’expertise régionale dans la culture de poires a forcé les agriculteurs à faire des recherches approfondies. « Les poires sur la Côte-Nord, il n’y a pas d’expertise. Il n’y a pas d’antécédents non plus, note M. Berthiaume. On n’y va pas à l’aveuglette, mais on fait des recherches pour trouver le maximum d’information qui nous est utile pour faire le choix des variétés. »
Contrairement aux poires qui poussent dans des arbustes, les minikiwis proviennent de plantes grimpantes soutenues par des supports. La culture de cette variété de fruits sans poils de la taille de gros raisins requiert aussi plus de soins. « Si l’herbe dépasse les plants, ça les cache du soleil », explique Karyne Lapierre, qui se charge de tailler l’herbe autour des treillis. Cela rend les tiges moins attirantes pour les rongeurs, mentionne son conjoint.
« Il faut qu’on garde le foin le plus court possible à l’automne pour ne pas que les rongeurs aient accès aux écorces. Si les rongeurs réussissent à les atteindre, ça va affecter les arbres », craint M. Berthiaume, qui pense à compacter la neige autour des plans pour empêcher la vermine de creuser des tunnels donnant accès aux plants de minikiwis.
Ceux et celles qui attendent de goûter aux fruits des Jardins de Carmanor devront s’armer de patience; la première récolte de minikiwis est prévue pour 2021 et celle des poires pour 2023.
Pour la microbrasserie locale Avec leurs 800 plants de houblon, les producteurs de Ragueneau comptent combler une fraction des besoins de la Microbrasserie Saint-Pancrace, à Baie-Comeau. Pour y arriver, Steeve Berthiaume a sélectionné l’emplacement de la culture afin que les vents dominants réduisent au maximum l’humidité sur les plants. « Ça va sécher plus vite, alors il y a moins de chances que les maladies fongiques se propagent », affirme-t-il. Pour faire face aux sécheresses, un système de tuyaux fait percoler l’eau de la rivière avoisinante. « L’important, c’est une bonne irrigation, souligne le producteur. Les racines sont petites et fragiles, alors si les plants manquent d’eau, ils risquent de mourir ou d’être moins forts pour passer l’hiver. » La première récolte ne sera pas prête avant 2021. |
Olivier Roy Martin, collaboration spéciale
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