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Les jardins de Joliette où le frère Armand Savignac a développé la tomate qui porte son nom pourraient bien être détruits. Un projet immobilier et commercial autour du scolasticat des Clercs de Saint-Viateur préservera les bâtiments classés patrimoniaux, mais risque de faire disparaître les jardins qui ne bénéficient d’aucune protection.
À l’heure où les communautés religieuses se départissent de leurs domaines, d’autres jardins pourraient subir le même sort. Ces communautés ont pourtant joué un rôle important dans l’histoire de l’agronomie au Québec.
« Souvent, on pense à sauvegarder les bâtiments, mais on oublie que les jardins attenants font partie de l’ensemble architectural. En Europe, la prise de conscience s’est faite depuis longtemps. Il faudrait y venir ici aussi », mentionne Dinu Bumbaru, porte-parole de l’organisme Héritage Montréal.
Il cite quelques exemples de préservation réussis au Québec : les jardins et vergers des Ursulines de Québec ainsi que ceux des Sœurs hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal et du Vieux Séminaire de Saint-Sulpice, datant de 1683.
« C’est assez formidable que ce patrimoine subsiste, et pas seulement dans nos livres. En réalité, c’est par manque d’habitude qu’on ne fait pas les démarches pour les protéger davantage, car tout est dans la loi pour le faire », affirme Dinu Bumbaru.
Hélène Leclerc, directrice générale du Domaine Joly-De Lotbinière, raconte l’effort citoyen qui a conduit à la mise en valeur de l’un des plus beaux jardins de l’Amérique du Nord. « C’est vraiment la volonté des citoyens et du milieu qui a mené à la création de la Fondation du Domaine Joly-De Lotbinière, et par la suite au classement du site de 138 hectares. »
Statut insuffisant
Selon Mme Leclerc, il ne suffit toutefois pas d’obtenir un statut. La protection d’un lieu est un travail de tous les instants. « Nous sommes subventionnés à 22 %, donc nous devons compter sur les dons et sur de nombreux bénévoles », insiste-t-elle.
Dinu Bumbaru estime pour sa part que la première étape serait de prendre conscience de cette richesse patrimoniale. « Il faudrait d’abord en faire l’inventaire. Des facultés universitaires pourraient s’en charger, suggère-t-il. Ce serait avantageux de développer une curiosité dès maintenant au lieu d’attendre une crise. »
Loi patrimoniale
Selon Annie LeGruiec, porte-parole du ministère de la Culture et des Communications, la Loi sur le patrimoine culturel permet effectivement de préserver des jardins ou tout autre type d’espace végétal. Elle donne le pouvoir au gouvernement, au ministère et aux municipalités de protéger des immeubles ou des sites qui présentent un intérêt patrimonial pour leur valeur paysagère. Toute personne ou tout organisme peut proposer au ministère ou aux municipalités d’attribuer un statut à un bien patrimonial en remplissant un formulaire en ligne.
La tomate Savignac La tomate Savignac a été créée dans les années 1940, à Joliette, par le frère Armand Savignac, des Clercs de Saint-Viateur. Ce fruit d’un beau rouge rosé, particulièrement adapté à notre saison courte, est rapidement devenu populaire. On raconte que le frère devait monter sur des escabeaux pour cueillir ses tomates, ses plants atteignant plus de 3 mètres de hauteur! Aujourd’hui, on trouve la tomate Savignac dans plusieurs jardineries. |