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Les activités de quatre entreprises agricoles du secteur Mont-Brun de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, sont compromises parce qu’elles se retrouvent isolées en raison des limites de charges imposées sur deux ponts des routes qui les desservent.
Les entreprises ainsi enclavées ne peuvent être approvisionnés par les poids lourds depuis que la limite de charge a été abaissée à 20 tonnes sur un premier pont, il y a quatre ans, et à 5 tonnes sur le second, il y a quelques semaines.
« La limite de charge est apparue du jour au lendemain », déplore Éric Migneault, éleveur de bovins à la Ferme D.E.M. Migneault, qui compte environ
450 bêtes. « Je l’ai appris par hasard quelques jours plus tôt, dit-il. J’ai pu me faire livrer mes semences et du carburant, mais c’est clair que la situation ne pourra pas durer. Surtout que j’ai des travaux d’agrandissement planifiés pour l’été. »
Même casse-tête pour Geneviève Migneault, copropriétaire de la Ferme Complémenterre, elle aussi éleveuse de bovins et productrice de céréales biologiques. Elle craint que ses animaux souffrent de carences alimentaires si elle ne reçoit pas de livraison de maïs pour ajouter à leur menu. Le problème : les camions ne passent pas.
Au cours des prochains mois, le ministère québécois des Transports compte exécuter des travaux temporaires au plus petit des deux ponts, mais une limite de charge sera maintenue, compromettant tout de même le passage de certains poids lourds.
« C’est toujours la même chose », déplore le président de la fédération régionale de l’UPA, Pascal Rheault, aussi maire de Sainte-Gertrude-de-Manneville. « On apprend les changements lorsque les employés du ministère des Transports posent les panneaux. Dans ce cas-ci, c’est la survie de quatre entreprises agricoles qui est en jeu », ajoute-t-il. Avec son équipe de la fédération, il a pris le taureau par les cornes et a fait des représentations auprès des attachés politiques des ministres des Transports et de l’Agriculture, puis s’est entretenu par téléphone avec le ministre André Lamontagne. « Il m’a assuré qu’on trouverait des solutions », raconte Pascal Rheault.
Détérioration des ponts
Cette situation vient surtout braquer les projecteurs sur la détérioration des nombreux ponts de la région. « La très grande majorité de ces structures ont été construites dans le même période au cours des années 50, 60 et 70 et ont un urgent besoin d’amour. Plusieurs routes sur lesquelles le transport lourd est dévié en subissent les contrecoups. »
La direction régionale de Transports Québec reconnaît le piètre état des ponts dans la région, dont 95 affichent un tonnage réduit. De ce nombre, 31 sont situés sur des chemins sans possibilité de détour.
Selon le porte-parole du bureau régional, Luc Adam, le ministère a développé une stratégie de rattrapage sur 10 ans en Abitibi-Témiscamingue, mais doit composer avec une pénurie d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers. « Cette pénurie, dit-il, se fait sentir chez les firmes d’ingénieurs et les entrepreneurs. Tout cela limite grandement notre stratégie d’intervention. »
Un comité spécial réunissant notamment des représentants des producteurs et du ministère des Transports a été mis en place pour établir un ordre de priorité et proposer des mesures permettant de réduire les répercussions sur les entreprises agricoles.