Un arbuste banal qui peuple les côtés des chemins forestiers, l’aulne crispé, s’avère un générateur de nutriments et d’azote qui peut permettre de fertiliser les cultures de légumes dans des secteurs nordiques du Québec, a trouvé Louis Larochelle, avec son équipe de Biopterre. « C’est une découverte qui peut être utilisée très largement sur le territoire des Atikamekw. On s’est servi de ce qu’on avait, il y a un côté novateur. Et la ressource est là; même qu’ils la coupent déjà lors de l’entretien des routes », explique M. Larochelle. Son organisme, situé à La Pocatière, a été mandaté pour trouver un moyen de produire du terreau localement, dans ce secteur des Atikamekw, au nord-ouest de La Tuque. 

Un voyage de terre à 6 000 $ 

La nécessité de fertiliser localement leur sol sableux est apparue d’elle-même, car pour créer des potagers chez les Atikamekw, les responsables du projet ont dû verser des frais dérisoires de près de 6 000 $ par camion-remorque pour faire livrer de la terre chez les Atikamekw. La facture aurait monté à près de 20 000 $ le camion pour le territoire de Radisson. « Importer de la terre pour 6 000 $ le voyage, c’est évident qu’on n’est pas sur la bonne track », dit Michel Gendreau, l’un des chargés de projet au CISA qui développe l’autonomie alimentaire des communautés éloignées. Différentes méthodes de compostage ont alors été expérimentées. La plus performante s’est avérée les branches d’aulne, d’un diamètre de 2,5 cm et moins, broyées et inoculées d’un champignon qui rendra par la suite les nutriments de l’aulne disponibles aux cultures de légumes. Des tests concluants ont été réalisés lors d’une démarche scientifique et directement sur place avec la matière fertilisante. La technicienne en production maraîchère, Suetlana Bergeron, donne en exemple ses rendements de pommes de terre qui ont doublé avec l’apport du compost d’aulne inoculé. « La rentabilité de tout le procédé de compostage d’aulne à grande échelle n’a pas été évaluée, mais chaque tonne sèche offre 20 unités d’azote », exprime Louis Larochelle.