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Avec les chaleurs exceptionnelles de juillet, les vendanges commenceront plus tôt dans certaines régions du Québec. Autre effet du réchauffement climatique : les cépages européens prennent du galon.
Au Domaine St-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur en Montérégie, Yvan Quirion se prépare à récolter ses raisins dès les premiers jours de septembre, soit une dizaine de jours plus tôt qu’à l’été 2012, lequel avait pourtant été marqué par de grandes vagues de chaleur. Si la tendance se maintient, « la maturité n’arrêtera pas sa progression et tous nos cépages seront prêts en même temps [ou presque] », prévoit-il.
Un beau problème, car chaleur et vigne font bon ménage. Mais il faudra tout de même engager une vingtaine de vendangeurs plutôt que douze en rotation, comme ce fut le cas lors des années passées, précise M. Quirion.
Du côté du Vignoble La Cantina, à Oka dans Les Laurentides, on prévoit devancer de deux semaines les récoltes pour commencer autour du 8 septembre plutôt qu’à la fin du mois. « Les récoltes risquent d’être assez surprenantes [surtout pour le pinot noir]. C’est un sommet en 20 ans de carrière », souligne le propriétaire Daniel Lalande.
À l’Île-d’Orléans, Louis Denault, du Vignoble Ste-Pétronille, prévoit avoir cumulé un nombre record de degrés-jours* d’ici la fin du mois d’août, soit près de 1 300. Ce dernier se demande s’il entamera ses récoltes plus tôt, vers la fin septembre plutôt qu’au début d’octobre.
Pinot noir et chardonnay
Avec la hausse soutenue du mercure depuis 10 ans, la température dans cette région de Québec pourrait ressembler à celle de la Montérégie d’ici 2030, projette le vice-président du Conseil des vins du Québec.
Ce dernier a pris la décision de planter de nouvelles vignes de pinot noir et de chardonnay cette année. Ces cépages européens, aussi appelés vitis vinifera, risquent d’intéresser de plus en plus de producteurs à travers la province, selon M. Denault. Notre climat est favorable, avance sans contredit M. Quirion, qui cultive aussi ces cépages depuis quelques années. Dans la région de Bourgogne, en France, haut lieu du pinot noir, le nombre de degrés-jours est d’environ 1 400. C’est le total que devraient avoir cumulé plusieurs vignobles en Montérégie et dans les Laurentides cette année.
Daniel Lalande consacre une grande partie de sa production au pinot noir, au chardonnay, mais aussi au riesling à Oka et à son Vignoble Rivière du Chêne, à Saint-Eustache. « Ça s’annonçait prometteur [après en avoir planté en 2013]. Ça va aussi bien que des hybrides [pour la culture], sinon plus », remarque-t-il. Ce dernier constate aussi que ces cépages sont grandement valorisés auprès du public.
* La somme des degrés-jours tient compte des températures moyennes journalières à partir de la base de 10 °C entre le 1er avril et le 31 octobre.
Année record? La cuvée 2018 s’annonce-t-elle exceptionnelle? « C’est assez gênant à dire, mais toutes les années sont belles avec les changements climatiques », soutient M. Quirion, mentionnant que 2012, 2015 et 2016 sont de bons millésimes. « On est bénis des dieux avec les conditions au Québec. Il va falloir qu’on se le tienne pour dit. On attribue trop de vertus positives aux régions étrangères », renchérit-il. Cette année, les conditions ont été idéales autant pour les degrés-jours que pour le nombre de jours sans gel, qui est d’environ 200 en Montérégie. Nouvelle appellation Les vins du Québec devraient bientôt bénéficier de l’Indication géographique protégée (IGP), et ce, dès la prochaine vendange, prévoit l’Association des vignerons du Québec. Cette nouvelle appellation sera une grande étape pour la reconnaissance ici et à l’international, ajoute M. Quirion. Cela permettra, entre autres, de documenter le climat et les particularités des différentes régions viticoles de la province. |