Régions 16 avril 2020

200 vaches en insémination artificielle

ROUYN-NORANDA — Chaque année, Geneviève Migneault, productrice bovine en Abitibi, fait inséminer artificiellement la moitié des 400 vaches reproductrices qu’elle possède. Cette méthode de travail, dit-elle, lui permet d’avoir un meilleur contrôle sur la génétique de ses bêtes et de maintenir un troupeau plus docile.

« C’est rare que les producteurs commerciaux qui possèdent d’aussi grands troupeaux que le mien fassent autant d’insémination artificielle parce que c’est beaucoup de travail. Mais moi, j’y vois de grands avantages », témoigne la copropriétaire de la Ferme Complémenterre.

Écographe

Pour se faciliter la tâche, l’agricultrice s’est récemment équipée d’un échographe. Quarante-cinq jours après l’insémination de ses taures, elle procède à une échographie et est capable de savoir exactement à quel moment la fécondation a été faite.

« Si ma taure a été fécondée après 25 ou 45 jours, je sais qu’elle est fertile et que ça vaut la peine de la garder dans mon troupeau pour de la reproduction. Celles qui dépassent 65 jours, je ne les garde pas », explique-t-elle.

L’éleveuse s’est aussi munie d’un logiciel lui permettant d’effectuer un suivi serré de la vigueur des veaux à la naissance, de ceux qui ont une meilleure posture et du comportement de ses taures après le vêlage. Tous les détails sur le comportement de ses animaux à des moments précis sont compilés dans une banque de données, ce qui l’aide également à déterminer quelles bêtes valent la peine d’être gardées dans le troupeau de reproduction.

« Tous les ans, je garde 15 % de mes femelles. Je garde les plus fertiles et celles qui présentent la meilleure génétique pour refaire mon cheptel. Les autres, je les vends à La Coop fédérée ou dans les meuneries », explique-t-elle. Quand les veaux ne boivent pas d’eux-mêmes à la naissance ou qu’une vache perd son bébé, par exemple, l’agricultrice a un bon indicateur que les bêtes n’ont pas la qualité de génétique qu’elle recherche.

 L’agricultrice s’est récemment équipée d’un échographe lui permettant de savoir à quel moment précis la fécondation a eu lieu après l’insémination. Photo : Gracieuseté de Geneviève Migneault
L’agricultrice s’est récemment équipée d’un échographe lui permettant de savoir à quel moment précis la fécondation a eu lieu après l’insémination. Photo : Gracieuseté de Geneviève Migneault

220 veaux en mai

En procédant à l’insémination artificielle de 50 % de son troupeau et en faisant des injections à ses femelles pour les synchroniser dans leur cycle, la productrice dit avoir un meilleur contrôle sur la période de vêlage. Seulement au mois de mai, 220 veaux issus de l’insémination artificielle et de la fécondation naturelle « sortent d’un coup ». Au total, environ 350 veaux naissent jusqu’en juillet.

« Je m’arrange pour que le plus grand nombre de bêtes possible soient en chaleur en même temps afin que mes veaux soient sevrés au mois de novembre. À partir de janvier ou février, après les avoir engraissés jusqu’à 700 lb, je peux commencer à les vendre. »

« La génétique, c’est mon dada », lance l’éleveuse, qui préconise le croisement de Simmental et d’Angus. En choisissant elle-même les spermes de taureaux au Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ), Mme Migneault dit améliorer la performance de ses animaux et s’assurer qu’ils soient suffisamment rustiques et vigoureux pour le vêlage au pâturage. 

Elle ajoute que ses vaches la connaissent bien, ce qui lui facilite la gestion du cheptel. « Je dois entrer en contact avec elles régulièrement pour faire des suivis sur leurs périodes de chaleur. Elles sont très calmes. C’est donc moins dangereux pour moi. Déjà que la gestion du cycle de reproduction est complexe, au moins la docilité de mon troupeau m’aide à gagner du temps. »