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La recherche aidant, on comprend mieux le véritable rôle des ravageurs des semis dans la levée du soya et du maïs au Québec. Le dépistage se présente désormais comme l’approche à privilégier dans une optique de diminution de l’enrobage des semences. Mais encore faut-il bien reconnaître les signes permettant de les identifier. Une spécialiste de la question passe en revue les principaux dommages causés par ces nuisibles.
Contrairement à ce qu’on a longtemps cru, les ravageurs des semis dans le soya et le maïs ne constituent pas un problème majeur chez nous. « Comme on ignorait ce qui se passait dans le sol, les producteurs prenaient systématiquement des semences enrobées de façon préventive. Mais après vérification, les ravageurs des semis ne sont pas une grande préoccupation ici », signale Geneviève Labrie, chercheuse en phytoprotection au Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM). Nos conditions de sol ne sont pas les mêmes qu’en Ontario, et encore, on évalue que seulement 5 à 8 % des champs de notre province nécessitent vraiment des semences enrobées, ajoute-t-elle.
Un problème à circonscrire
Une analyse de 77 sites de maïs-grain, réalisée dans différentes régions du Québec par Geneviève Labrie alors qu’elle était au Centre de recherche sur les grains (CÉROM) en 2014 et en 2015, appuie ce constat. Des 8 820 plantules de stade V2 à V6 observées au champ, seulement 5 % d’entre elles présentaient un problème d’émergence. De cette proportion, les trois quarts des problèmes étaient sans doute causés par le froid, par un effet de croûtage ou encore par un mauvais réglage du semoir. Seulement 25 %, soit 102 plantules, avaient connu des problèmes d’émergence en raison des insectes. Parmi les responsables, on retrouvait en premier lieu la punaise brune (48 %) dont les dommages ne mettent pas en péril le rendement. Pas de quoi tuer une mouche avec un bazooka!
Différents facteurs peuvent expliquer la présence de ces ravageurs dans un champ. Comme toute espèce, les insectes ont des préférences. Les sols organiques et plus légers par exemple forment un habitat idéal pour le ver fil-de-fer puisqu’il peut se réfugier plus facilement sous la ligne de gel pendant l’hiver. « Souvent, certaines portions de champ ont un historique de ravageurs. Plusieurs d’entre eux ne volant pas, ils auront tendance à occuper la même zone année après année puisque les néonicotinoïdes et les diamides repoussent les ravageurs sans les tuer. L’enrobage permet une protection des plantules en début de saison, mais la population demeure », observe Geneviève Labrie. Dans le cas des mouches des semis, c’est la quête de matière organique des femelles pour y pondre leurs œufs qui peut s’avérer problématique. « L’épandage de fumier juste avant de semer est à éviter; sinon on peut se retrouver avec une population importante de mouches des semis. »
Des outils de dépistage
Élaboré grâce à une base de données de 600 sites, VFF Québec est un modèle prédictif pour faciliter le dépistage du ver fil-de-fer en fonction du risque que représente ce nuisible. L’outil Mouches des semis, diffusé sur Agri-Réseau, offre des prédictions sur la période de ponte des mouches du semis selon le nombre de degrés-jour et permet de choisir le moment adéquat pour l’épandage du fumier. Enfin, l’Ordre des agronomes du Québec a créé une grille de référence des principaux symptômes de ravages des semis et leurs causes, également disponible sur Agriréseau.
Geneviève Labrie était participante du Webinaire grandes cultures, organisé par le Réseau d’avertissements phytosanitaires et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec le 19 mai 2021.