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Au moment d’entreprendre sa 7e saison, Pierre-Luc Villiard, le jeune propriétaire des serres qui portent son nom à Saint-Aimé de Massueville, veut réaliser un projet qui lui tient à cœur : l’automatisation de ses équipements.
« À l’heure actuelle, les serres sont automatisées à 30 %. Je veux augmenter cette proportion jusqu’à 80 %. Ça va me permettre d’améliorer la qualité et l’uniformité du produit et de maximiser l’infrastructure actuelle », explique-t-il en faisant le tour de son entreprise, située sur la terre ancestrale de 115 ans ayant appartenu longtemps à sa famille.
Au début des années 2000, Pierre-Luc étudie en horticulture à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe. « Je me sentais un peu comme un imposteur. Les étudiants étaient tous pour la plupart des fils ou filles d’horticulteurs. Moi, je connaissais seulement les pissenlits et les marguerites. »
Sa passion pour l’horticulture le pousse à se lancer en affaires en 2006. Il fera l’acquisition de quatre serres usagées achetées à Mirabel. « Elles sont arrivées en pièces démontées. Ça ressemblait à un immense abri tempo dans un champ de maïs. Il fallait avoir une bonne dose d’imagination, de courage et de volonté pour imaginer ce que ça allait devenir. »
Dès cet été, l’horticulteur de 33 ans investira environ 200 000 $ pour rendre son complexe de serres de 35 000 pieds carrés plus performant. Il a préparé son projet en se renseignant directement chez des confrères de l’Ontario. « Je suis allé chercher leur technologie pour l’adapter à ma petite entreprise. »
Économie des coûts de chauffage
Le jeune entrepreneur projette d’implanter le système Damatek dans le but d’équilibrer la température de ses serres. Une sonde dans la fournaise lui indiquera lorsque la température baisse ou augmente. « Avec les thermostats actuels, la température variait de 3 ou 4 degrés. Grâce au nouveau système, je vais économiser 20 % sur les coûts de chauffage. Cette informatisation sera rentabilisée au bout de trois ou quatre ans », ajoute-t-il.
Irrigation automatisée
À l’heure actuelle, Pierre-Luc Villiard engage une personne à temps plein avec qui il procède à l’arrosage à la main des 600 variétés d’annuelles, 35 variétés de fines herbes et 400 variétés de vivaces. Leur méthode consiste à soupeser la plante pour savoir si elle a besoin d’eau, un système plus ou moins fiable.
« Dorénavant, je vais utiliser une sonde hydrométrique liée à un système informatisé. Je vais programmer par exemple un taux d’humidité de 65 % pour une plante en particulier. Le système lancera automatiquement l’irrigation lorsque le taux sera inférieur. Tout l’arrosage de paniers suspendus sera fait de cette manière. »
Dans le futur, le système d’information sera relié à une ministation météo qui détectera les vents et les heures d’ensoleillement. Avec ces nouvelles données, incluant la température, il espère obtenir des plantes de meilleure qualité.
Nouveau complexe
L’année dernière, M. Villiard a investi dans un nouveau complexe de serres de 10 000 pieds carrés à la fine pointe de la technologie, qui offre une meilleure luminosité et une ventilation plus adéquate. Des plants de fleurs multicolores s’étendent sur de longues tables.
Sur un mur, on aperçoit une station de pompage reliée à un réservoir qui se remplit avec l’eau de l’aqueduc, qui circule dans tous les circuits de la serre.
« Lorsque mes lignes de paniers de fleurs seront automatisées, je pourrai ouvrir ou fermer les circuits. Un injecteur d’engrais sera aussi installé dans le circuit conventionnel de la serre. »
Le nez dans ses plantes
Dans son quotidien, Pierre Luc Villiard n’a jamais ressenti le besoin de recourir aux services d’un agronome. « C’est moi qui ai le nez dans les plantes, je sais où il y a un problème. Près des unités de chauffage, par exemple, l’air est plus sec. Certaines plantes deviennent plus fragiles aux pucerons. Aussitôt que j’en vois, je fais un traitement ciblé. »
Il s’inspire de l’exemple d’horticulteurs de France qu’il a visités l’année dernière. « J’aime leur concept de faire de l’horticulture intelligente. » Par exemple, il préfère utiliser comme pesticides des produits le plus écologique possible. « On avait l’habitude de prendre de l’huile de margousier, qui fonctionnait très bien en serre. Malheureusement, son homologation a été enlevée; on ne sait pas pourquoi. »
Dans toutes ses jardinières, il tente de diminuer les apports en engrais, qu’il remplace tout simplement par du compost. Il a toujours l’idée de récupération en tête. « Si je parviens à récupérer mon eau avec engrais, je vais réutiliser cet engrais-là. »
Diversification
Pierre Luc Villiard est conscient que la rentabilisation de son entreprise passe par la diversification. À l’extérieur, il montre un immense terrain où commencent à pousser des arbustes, des sapins, des pins. Chaque projet de développement est mûrement réfléchi. Il a pensé par exemple à récupérer l’eau de pluie provenant des serres pour arroser la future pépinière.
D’où lui viennent toutes ses idées? Dans ses moments libres, il reste à l’affût des tendances en visitant différents salons horticoles. L’été, il se rend dans d’autres centres de jardin. « Lors d’une visite au jardin botanique, j’ai vu qu’on pouvait planter des arachides. C’est très populaire. Les enfants effectuent la plantation eux-mêmes pour récolter des peatnuts à l’automne! »
Son succès, Pierre-Luc Villiard le doit à toute sa famille, particulièrement ses parents, son frère et ses deux sœurs. « Ils sont là depuis les débuts. Et ce matin, ma tante est arrivée avec sa boîte à lunch pour nous donner un coup de main. Ils ont tous le désir que je réussisse, c’est très flatteur. »
La clientèle change progressivement. Même si les baby-boomers, qui partent en logement ou en condominium, diminuent leurs dépenses d’horticulture, le jeune entrepreneur garde la foi. Son objectif? Aller chercher les jeunes familles qui viennent s’installer en banlieue. Pour y parvenir, il investira dans un nouveau site Internet au printemps. En attendant, les serres Pierre-Luc Villiard sont sur Facebook. Les réseaux sociaux sont un incontournable afin de rejoindre la génération des 25 à 35 ans.