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Un incendie de silo, qui s’est déclaré il y a plusieurs semaines à la Ferme Carhol, de Saint-Odilon-de-Cranbourne, en Beauce, continue de consumer à petit feu tout son contenu de graminées, sans que personne puisse intervenir.
C’est le 21 juillet que le producteur agricole Sylvain Carbonneau a remarqué une odeur de fumée autour des bâtiments d’élevage. « J’étais avec mon père et on cherchait d’où ça venait. On a finalement compris que c’était dans le silo. On ne pensait même pas que c’était possible! D’habitude, quand il y a des incendies, ça arrive deux ou trois mois après l’ensilage. Là, c’était du stock de l’automne passé qu’on allait commencer à sortir en septembre », s’étonne encore le producteur, en entrevue avec La Terre.
Sa compagnie d’assurance a dépêché un expert en sinistre, qui a conclu que la canicule du mois de mai avait probablement déclenché l’incendie, alors que l’ensilage « devait être très sec », rapporte-t-il.
Une opération complexe
Dès qu’ils ont vu la fumée s’échapper du haut du silo, après que l’une des portes de bois eut été ravagée par les flammes, M. Carbonneau et son père ont alerté les services d’urgence. Les pompiers de Saint-Odilon-de-Cranbourne ont eu besoin du renfort des équipes de plusieurs localités voisines pour intervenir dans cette scène « très complexe », puisque le feu était situé en hauteur, soit à plus de 23 mètres et dans un espace clos, spécifie Robert Ruel, directeur du service de sécurité des incendies de la municipalité. Un pompier de l’équipe d’intervention en espace clos a même été victime d’un coup de chaleur, alors qu’il tentait d’éteindre le feu, mentionne-t-il.
Or, après avoir jeté de l’eau sur les flammes et enduit l’ensilage d’une mousse isolante pour « étouffer » le feu, les pompiers ont plié bagage, même si l’incendie n’était pas complètement éteint. « Dans ce genre de situation, on ne peut pas faire de miracle, car si on met trop d’eau, ça peut créer une pression sur le silo. Il y a seulement deux solutions : soit on fait venir une grue pour démanteler le silo en jetant les blocs de béton un à un vers l’extérieur en arrosant au fur et à mesure, soit on attend que le feu finisse de consumer le contenu pour ensuite démanteler le silo », explique M. Ruel. Dans le cas actuel, il n’était pas possible d’opter pour la première solution, puisque des bâtiments d’élevage à proximité du silo risquaient d’être endommagés.
En attendant, des tôles de protection ont été installées autour du site et M. Carbonneau doit humidifier le sol 24 h sur 24 avec un boyau d’arrosage de jardin, afin que les débris comme les portes de bois qui tombent au sol ne provoquent pas un nouvel incendie. Une situation « très stressante », confie le producteur, qui a très hâte que le feu termine sa combustion pour enfin pouvoir dormir plus tranquille. Il s’est acheté une petite caméra thermique pour pouvoir observer la progression. Le 16 août, soit environ un mois après le début de l’incendie, seulement 50 % du contenu avait brûlé. « On ne sait pas combien de temps ça peut prendre encore. Des semaines ou des mois? C’est difficile de le prévoir », se désole M. Carbonneau, qui se sent un peu laissé à lui-même depuis le départ des pompiers.
Un type d’incendie très rare
Selon Guy Naud, expert en prévention pour la mutuelle d’assurances agricoles Estrie-Richelieu, les feux de silo de ce genre sont assez rares. Il en dénombre environ un ou deux par année. « Mais, en général, ce sont des incendies qui surviennent quelques semaines après l’ensilage, si une couche humide a été déposée avant une couche plus sèche. C’est là qu’il se crée des enzymes qui peuvent provoquer une combustion spontanée », explique-t-il.
Actuellement, il y a peu de moyens de prévenir ce type d’incendie, estime l’expert. Il mentionne l’existence de sondes pouvant être utilisées pour mesurer la chaleur du foin entreposé dans les granges, mais rien pour les céréales dans les silos. « Vu que ça n’arrive pas très souvent, il y a également moins d’intérêt pour développer une technologie qui pourrait prévenir ce genre de situations, spécifie, de son côté, Stéphane Bibeau, président d’Estrie-Richelieu. En termes de fréquence, les effondrements de silo sont beaucoup plus nombreux que les feux », précise-t-il.