Actualités 1 octobre 2014

Pondre des patentes

 

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Les patentes de la famille Gauthier ont permis à la ferme Clovis Gauthier et fils inc. de prendre son envol dès ses balbutiements, au début du XXe siècle. Aujourd’hui encore, les innovations de François Gauthier et du reste de sa famille facilitent les activités quotidiennes de l’entreprise avant-gardiste.

Une pluie diluvienne s’abat sur les trois poulaillers et la meunerie de la ferme Clovis Gauthier et fils inc., à Saint-Théodore-d’Acton. Assis dans la cuisine de son frère Jean-Marc qui sert de bureau pour l’entreprise familiale, François Gauthier revient sur l’histoire de la ferme qui porte le nom de son père. « Au début des années 1900, mon oncle avait un contrat avec le gouvernement pour faire de la recherche, affirme-t-il. Il faisait des tests de nutrition et de croisements sur les poules. »

L’homme de 69 ans se souvient aussi que deux de ses oncles ont été instructeurs auprès de producteurs avicoles à l’époque. Ils enseignaient alors aux agriculteurs comment nourrir les poules et les faire pondre.

À ce moment, le poulailler de la ferme ne comptait que 30 couveuses. C’est en 1953 que la famille Gauthier a construit son premier gros poulailler, qui comportait 4 étages. Les habitants du village de Saint-Théodore-d’Acton croyaient alors que les Gauthier étaient des « poules pas de tête ». « Le monde disait que mon père Clovis était fou », lance Jean-Marc Gauthier, avant de prendre place autour de la table de cuisine. « Dans le temps, le monde appelait ça le Colisée de Bagot », s’esclaffe Stéphane Gauthier, le neveu de François, à l’autre bout de la pièce.

Aujourd’hui, la ferme possède 3 poulaillers qui peuvent accueillir jusqu’à 180 000 poulettes et peut produire jusqu’à 2 500 douzaines d’œufs par jour. La famille a également près de 800 ha en culture de maïs, de soya, d’avoine, de canola et de seigle. Les grains qui servent à l’alimentation des poulettes sont produits, moulus et mélangés dans la meunerie de la ferme.

L’expansion de l’entreprise familiale a été possible notamment grâce aux nombreuses patentes de Clovis Gauthier, décédé en 1993.

« Mon père était un grand patenteux, se remémore Jean-Marc. Et puis, ce n’est pas comme aujourd’hui. Il faisait ça avec rien dans le temps. »

Sourire aux lèvres, l’aîné de la famille revient sur la réalisation de son paternel qui l’a le plus impressionné. Il raconte qu’à l’époque où l’électricité n’existait pas, c’était très exigeant d’être producteur avicole. « Les poules, ça a besoin d’un certain nombre d’heures de lumière par jour, commence-t-il. Mon père était tanné de se lever à 4 heures du matin. »

Clovis Gauthier a alors fabriqué un système pour lui faciliter la vie. À l’aide de fils électriques, il a assemblé deux générateurs, une batterie d’automobile et un petit moteur à gaz qui traînaient sur le terrain de la ferme. « Il a connecté tout ça sur un gros réveille-matin Westclock, badine-t-il. Quand l’aiguille tournait, elle tirait sur la corde, et ça démarrait le moteur qui ouvrait les fanaux. »

Depuis, la famille Gauthier n’a pas arrêté de fabriquer des machines et de modifier de l’équipement selon ses besoins. C’est François qui en conçoit la majorité, bien que toute la famille soit mise à contribution. « Les idées viennent de tout le monde, mais c’est lui qui patente pas mal, parce qu’il est l’électricien de la ferme », explique son frère Jean-Marc.

Les yeux rivés sur l’écran de son téléphone portable, François Gauthier ajoute que les nouveaux outils numériques sont précieux à la ferme. Les Gauthier ont, entre autres, créé un drop box sur lequel ils peuvent retrouver en tout temps l’information essentielle sur chaque champ en culture. « La technologie, aujourd’hui, ça n’a pas de limites. Mais il faut savoir s’en servir », conclut-il en riant.