Politique 26 septembre 2019

Un pavé dans la mare pour le secteur avicole

LONGUEUIL — La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, refuse de s’engager à protéger « intégralement » les productions d’œufs et de volailles lors des négociations commerciales. De tels propos laissent croire à de nouvelles concessions dans le marché avicole canadien en ce qui concerne la négociation en cours avec les pays du Marché commun du Sud, communément appelés Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay).

De passage devant le conseil général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) le 25 septembre, la ministre Bibeau a d’abord assuré que les producteurs de lait n’auraient pas à subir d’autres concessions dans les prochains accords de libre-échange, sans toutefois mentionner leurs confrères de la gestion de l’offre, c’est-à-dire les producteurs d’œufs et de volailles. Un oubli remarqué par le président des Producteurs d’œufs d’incubation du Québec, Gyslain Loyer. Interrogée par ce dernier sur les raisons de cette omission, Mme Bibeau a admis devoir « attendre quelques jours avant de pouvoir répondre clairement à cette question ».

Questionnée par La Terre, la ministre a également refusé d’affirmer que son gouvernement défend « intégralement » la gestion de l’offre dans les œufs et la volaille. « Je l’intègre [le mot intégralement] pour les producteurs de lait. Pour les producteurs de volailles et d’œufs, aujourd’hui, je peux vous dire que nous allons nous battre bec et ongles. Ce n’est aucunement notre intention de le mettre [le système de gestion de l’offre] sur la table de négociation ».

Fait à noter, le Canada discute depuis mars 2018 d’un éventuel accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, dont plusieurs sont d’importants exportateurs de volailles. Mme Bibeau a cependant indiqué « ne pas être assez près de la négociation du Mercosur » pour quantifier la pression à laquelle font actuellement face les négociateurs canadiens.

Inquiet

Le président de l’UPA, Marcel Groleau, s’est dit inquiet des propos de la ministre. « Pour l’instant, la volaille et les œufs ne sont pas soustraits à d’éventuelles concessions dans le Mercosur. C’est ce que je comprends. On sait que le Chili est un très grand producteur de poulet et le Brésil aussi. Ils ont des coûts de production très bas à cause de leur climat et ils n’ont pas les mêmes règles environnementales et sanitaires que chez nous. On ne peut pas penser qu’on va se nourrir localement avec ces intrusions-là dans notre marché », a dénoncé le dirigeant.