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Si l’année 2022 a été « remplie d’adversité », a souligné Pierre-Luc Leblanc, président sortant des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), les défis ne s’amoindrissent pas en 2023. En effet, l’inflation qui diminue les liquidités des producteurs et la menace de la grippe aviaire sur les troupeaux ont été parmi les principaux sujets d’inquiétude soulevés par les éleveurs de volailles réunis les 11 et 12 avril au Château Frontenac, à Québec, pour leur assemblée générale annuelle.
Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, de passage à l’assemblée le 12 avril, a d’ailleurs été interpellé sur ces différents enjeux. La productrice Jennifer Paquet, dont les troupeaux de dindons ont été frappés par la grippe aviaire il y a quelques mois, a réclamé une bonification des indemnisations aux éleveurs touchés par cette épidémie sans précédent, puisqu’une partie des pertes n’est actuellement pas couverte par les programmes d’aide, a-t-elle signalé. « C’est une réflexion qui est déjà initiée à la suite d’une demande de votre équipe », lui a répondu le ministre Lamontagne, en mentionnant être « très préoccupé par cette situation qui met une grande pression sur la liquidité des élevages ». Toujours dans le contexte de la grippe aviaire, un autre éleveur a demandé un meilleur encadrement des élevages de basse-cour. « Notre objectif est de recueillir les emplacements d’un maximum de ces petits élevages pour mieux les encadrer », a répondu le ministre.
« Trop » de questions sur les plafonds de détention de quota
Mais c’est surtout la récente décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, qui a donné le feu vert à l’abolition des limites de quota dans la production de poulet, qui a dominé les échanges entre les producteurs et le ministre de l’Agriculture. « C’est très inquiétant pour les fermes de petite taille, et on est très inquiets pour l’avenir de la gestion de l’offre. Ça va avoir un impact plus grand qu’on pense. On attend de vous votre collaboration pour passer à travers ça », a entre autres confié Gaétan Phaneuf, un éleveur de volailles de la Montérégie. En réponse, le ministre est demeuré prudent, rappelant aux éleveurs que la Régie est un organisme indépendant et qu’il ne peut pas s’immiscer dans les décisions. « Mais c’est certain que si le fruit de cette décision-là faisait en sorte, comme vous dites, qu’on n’avait que de grandes fermes et que les éleveurs n’étaient plus que des sous-contractants, la Régie n’aurait pas été optimale dans sa décision, a reconnu M. Lamontagne. Mais je crois que vous avez fait une demande de révision et de clarification de la décision. » D’ailleurs, après la troisième question qui lui a été posée sur ce sujet, le ministre a montré des signes d’impatience en indiquant qu’il ne répondrait plus.
Demande de révision enclenchée
La journée précédente, soit le 11 avril, les délégués réunis à huis clos ont adopté une résolution afin que les EVQ déposent une demande de révision de cette décision à la Régie des marchés agricoles sur les plafonds de détention de quota. « On veut avoir la chance de plaider encore notre cause, car on estime qu’on a été mal compris sur certains points et que la Régie se contredit dans certaines parties de la décision », a fait valoir Pierre-Luc Leblanc. Ce dernier a dit comprendre que le ministre Lamontagne garde ses distances dans le dossier, mais aimerait par ailleurs que les décisions de la Régie soient « cohérentes » avec les orientations gouvernementales, comme la politique bioalimentaire du Québec, qui priorise l’autonomie alimentaire. Car, selon lui, l’abolition des plafonds de quota va à l’inverse de cet esprit en mettant à risque les petites fermes et en ouvrant la porte à la concentration des plus grands joueurs.
Journaliste : Patricia Blackburn
Une dernière assemblée remplie d’émotion
C’est avec le cœur gros, et en échappant par moment quelques larmes, que le président sortant des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), Pierre-Luc Leblanc, a animé sa dernière assemblée générale annuelle, les 11 et 12 avril au Château Frontenac de Québec. Après dix ans à la présidence, l’éleveur de dindons de Saint-Hyacinthe avait en effet annoncé dernièrement qu’il ne se représenterait plus à la tête du CA de l’organisation. Il expliquait vouloir notamment laisser place aux idées nouvelles et aussi consacrer plus de temps à ses projets d’entreprises. C’est Sylvain Lafortune, un éleveur de volailles de la Rive-Nord, qui a été désigné le 12 avril par les membres du conseil d’administration des EVQ pour succéder à M. Leblanc. M. Lafortune occupait auparavant le poste de vice-président des Éleveurs de volailles de la Rive-Nord.