Politique 4 avril 2018

Roméo Bouchard critique, l’UPA réplique

Un des fondateurs de l’Union paysanne, Roméo Bouchard, revient à la charge pour dénoncer le « monopole » de l’Union des producteurs agricoles (UPA) dans un brûlot de 256 pages publié par VLB éditeur et intitulé L’UPA : un monopole qui a fait son temps. L’Union réplique en parlant d’ignorance des enjeux économiques.

« Il y a un regain de pression [pour des changements] de la part de tous ces jeunes agriculteurs qui développent une agriculture de proximité », affirme Roméo Bouchard lorsque interrogé par La Terre sur les raisons d’être de ce livre, suggéré et coédité par La Vie agricole, une publication ouvertement opposée à l’UPA. L’auteur qualifie le syndicat agricole accrédité de « verrou » et n’hésite pas à parler de son « pouvoir absolu ».

« L’UPA s’est réellement commise avec le modèle productiviste », lance Roméo Bouchard. Il critique notamment le maintien de programmes de soutien agricole basés sur le volume de production qui « jouent contre l’agriculture de proximité ». Roméo Bouchard dénonce aussi la « rigidité des agences de vente » et plaide pour une plus grande production hors quotas. Il cite en exemple le cas du porc bio d’Aliments Breton, mais sans pouvoir expliquer en quoi l’agence de vente empêche ce projet de différenciation. 

Le pamphlétaire aspire au pluralisme syndical et soutient que cela ne nuirait pas au pouvoir de négociation des producteurs face aux acheteurs en raison des plans conjoints et des offices de producteurs. 

Réplique cinglante

« Roméo Bouchard fait abstraction des enjeux économiques », soutient Marcel Groleau, président de l’UPA. Ce dernier fait valoir que même la production hors quotas en vente directe va faire face à un marché saturé et devra alors prendre les moyens pour s’assurer un accès au marché et un prix qui couvre les coûts de production. « La Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique l’a compris et ses membres essaient d’écouler leurs surplus ensemble », illustre le président de l’Union.

Le président de l’UPA nie catégoriquement que son organisation soit un verrou pour les petites fermes. « Équiterre a fait plus pour ces fermes que l’Union paysanne, et l’UPA a encouragé ça », affirme Marcel Groleau. Ce dernier cite en exemple des politiques réclamées par l’Union pour les petites fermes, comme la hausse de 1 % de la contribution d’Agri-Québec Plus et le soutien à la transition ainsi qu’à l’innovation pour le secteur biologique. 

Marcel Groleau critique par ailleurs les paiements découplés du volume de production proposés dans le rapport Pronovost, qui favorisent selon lui la concentration et les plus grosses fermes qui peuvent compter sur des économies d’échelle et ont moins besoin d’un programme collectif de partage des risques. Le président de l’UPA ajoute que le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) a été modulé pour diminuer la couverture des plus gros producteurs et qu’il continue de soutenir l’occupation du territoire en production bovine, ovine et porcine.