Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Cette réforme de l’assurance-emploi vise à mieux « jumeler » les chômeurs aux emplois disponibles.
La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, estime que les modifications permettent de mieux répondre aux besoins des Canadiens, en particulier ceux qui cherchent un nouveau travail. Environ 250 000 postes au Canada ne trouvent pas preneur.
Concrètement, les bénéficiaires de l’assurance-emploi recevront des offres d’emploi sur une base quotidienne. Après sept semaines, ils ne pourront plus refuser de postes dans la mesure où ceux-ci donnent 70 % du salaire horaire de leur dernier emploi et qu’ils se trouvent à 1 h de transport ou moins. Ceci devrait forcer un plus grand nombre de personnes à retourner au travail plus rapidement qu’avant. Le projet de loi cible particulièrement les travailleurs saisonniers qui accèdent à l’assurance-emploi pratiquement chaque année.
Impact sur les travailleurs agricoles étrangers ?
Le secteur maraîcher qui a recours à la main-d’œuvre étrangère sur une base régulière s’inquiète du nouveau projet de loi fédéral.
« Ce que je crains, ce sont les procédures administratives qui pourraient retarder l’arrivée des travailleurs étrangers et faire perdre des récoltes », a commenté René Mantha, directeur de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). Il faut compter des délais de 12 à 16 semaines pour avoir accès à des travailleurs étrangers. Il faudrait donc afficher un poste en novembre pour un début au mois d’avril. M. Mantha redoute donc que des fonctionnaires retardent les demandes de travailleurs étrangers sous prétexte que certains chômeurs acceptent des postes qu’ils risquent pourtant de ne plus être en mesure d’occuper trois mois plus tard.
« La pénurie de main-d’œuvre dans le secteur saisonnier va demeurer et même s’accentuer », estime M. Mantha, qui constate que les travailleurs québécois cherchent avant tout des emplois à l’année mieux rémunérés. « On ne veut pas de travailleurs qui viennent à reculons », lance le directeur de FERME.
« Ça va donner une chance aux commerces des villes d’avoir plus de main d’œuvre avant que le secteur agricole soit ciblé », estime Jean-Marie Rainville, président de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec. Ce dernier fait valoir que le travail maraîcher est pénible, commence à 6 h du matin et peut se terminer à 20 h tout en s’échelonnant sur 7 jours par semaine. Il serait donc difficile pour certains travailleurs de se rendre à la ferme tous les jours si tôt le matin sans accès à un véhicule.
Autant M. Rainville que M. Mantha ont rappelé que les offres d’emplois agricoles sont déjà diffusées et accessibles dans les centres d’emploi agricole, à Emploi Québec ou dans les journaux locaux. « Le nombre de travailleurs agricoles locaux diminue d’année en année », estime toutefois le directeur de FERME.
Rétention des travailleurs compromise
Un autre impact possible du projet de loi se trouve probablement dans la rétention des travailleurs agricoles qui oeuvrent déjà une bonne partie de l’année sur des fermes laitières, porcines ou d’autres secteurs. Si le projet de loi était adopté tel quel, on peut se demander si certains de ces travailleurs quitteraient la ferme après avoir commencé un nouvel emploi en ville.