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La Financière agricole du Québec (FADQ) participera à l’effort de guerre du gouvernement Couillard visant à rétablir un équilibre dans les finances de l’État, a appris la Terre.
La subvention accordée par le gouvernement à la FADQ sera coupée de 113 M$. Cette ponction est majeure, étant donné que le budget de la société d’État se situe à environ 600 M$.
Des documents du Secrétariat du Conseil du trésor, dont la Terre a pris connaissance, confirment que le gouvernement amputera le tiers des excédents, qui totalisent 300 M$ annuellement.
Au cours de l’exercice 2014-2015, l’aide financière à l’assureur public agricole sera ramenée à 485 M$.
« Nous sommes conscients que nous allons demander au monde agricole un effort exceptionnel, mais il faut reconnaître, aussi, que le gouvernement est dans une impasse exceptionnelle », a réagi le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, en entrevue avec la Terre.
« Nous ne nous attendons pas à ce que le monde agricole accepte ces réductions dans le budget de la Financière avec des applaudissements, a ajouté le ministre. Mais nous pensons qu’il va en prendre connaissance avec sagesse. Les producteurs participent aux efforts. Ils font partie de la société québécoise et c’est en ayant ça à l’esprit qu’ils sont invités à faire leur part. »
Une réserve de 300 M$
Le ministre tient toutefois à remettre les choses en perspective, de façon, insiste-t-il, à ce que tous comprennent bien « qu’on n’est pas en train d’affaiblir la Financière pour autant ».
Il fait valoir que pour la première fois – une étude actuarielle commandée par le conseil d’administration de la FADQ en a fait la recommandation – une « réserve » a été prévue pour les programmes de sécurité du revenu. Celle-ci a été fixée à 300 M$.
« On a réussi à planter cette réserve en cas de catastrophe et il y a lieu d’en faire part aux producteurs, pour qu’ils sachent qu’on est toujours là », précise le ministre.
Le déficit cumulé des activités de la Financière, qui totalise 516,7 M$, sera par ailleurs « garanti » par le gouvernement, annonce le ministre. « Et nous avons assumé les coûts des intérêts au cours de la dernière année », tient-il à rappeler.
L’effort demandé à la FADQ – et aux producteurs – peut-il s’avérer temporaire? « C’est là pour un an et on verra par la suite », répond le ministre Paradis.
« C’est presque 20 % du budget de la Financière » – Marcel Groleau
« Couper 113 M$ sur un budget de 600 M$, c’est presque 20 %. Si on regarde les efforts des autres ministères, on peut affirmer sans se tromper que l’agriculture est un des secteurs qui fait les plus gros efforts. »
C’est ainsi qu’a réagi Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), après avoir pris connaissance de l’ampleur des efforts demandés par le gouvernement Couillard.
« Il y avait bien sûr toutes sortes de rumeurs, convient-il. Mais ça demeure une énorme déception, pour nous, ces compressions de 113 M$. Cette somme provient de la situation exceptionnelle qu’on a connue dans notre secteur d’activité, mais aussi des mesures de resserrement qui ont fait en sorte que les dépenses de la Financière ont été moindres que celles qui avaient été budgétées à l’origine. »
« On a perdu 30 % de nos fermes, il ne faut pas l’oublier. Et on n’accepte pas ces coupes de gaieté de cœur. »
Marcel Groleau souligne avoir eu une rencontre avec les ministres Martin Coiteux et Pierre Paradis, au cours des derniers jours, sur ces enjeux.
« Ils nous ont expliqué les intentions du gouvernement. On a défendu notre position. On leur a dit : “Si le gouvernement veut équilibrer son budget, il doit aussi s’assurer de maintenir les revenus dans la bonne colonne et utiliser le secteur agroalimentaire pour créer de la richesse et stimuler l’économie”. »
Le président général de l’Union veut néanmoins laisser la chance au coureur. « Le ministre Paradis nous a mentionné à plusieurs reprises qu’il y croit, à l’agriculture, et qu’il va être là pour y participer. On a pris note de cet engagement-là. »