Politique 17 juin 2015

Québec renonce à rembourser le déficit de la Financière

Québec renonce à rembourser le déficit accumulé de la Financière agricole du Québec (FADQ), qui atteint 517 M$, a appris la Terre.

La décision a été prise par le conseil des ministres, le 27 mai. Ce n’est toutefois que vendredi dernier que le chat est sorti du sac.

Les membres du conseil d’administration (CA) de la société d’État, qui étaient alors réunis pour l’adoption des états financiers, ont pris connaissance des intentions du gouvernement Couillard.

Nous sommes extrêmement déçus, a réagi Charles-Félix Ross, économiste en chef à l’Union des producteurs agricoles (UPA). Cette décision incompréhensible place la Financière dans une situation difficile qui l’empêchera de livrer la marchandise auprès des producteurs.

Il faut rappeler qu’en 2010 le déficit des opérations de la Financière atteignait 1 G$ et que le gouvernement s’était engagé à l’éponger progressivement. L’enveloppe de la société d’État avait été bonifiée de façon substantielle, passant de 305 à 630 M$.

Siphonner les surplus

Il a l’impression que le gouvernement, qui cherche par tous les moyens de comprimer ses dépenses, « siphonne les surplus accumulés » de la FADQ dans le seul but de renflouer les coffres de l’État, dans un contexte d’austérité.

Ces surplus totalisent 496 M$ depuis cinq ans, rappelle Charles-Félix Ross, qui siège au CA de la Financière.

Pierre Lemieux « choqué »

De son côté, le 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, qui siège également au CA de la FADQ, trouve « choquant » de constater l’ampleur des mesures prises par le gouvernement.

Là, ça va bien en agriculture, parce que les conditions du marché sont excellentes, évalue-t-il, mais qu’est-ce qu’on va faire si ça se met à aller mal? C’est quoi le signal qu’on veut envoyer aux producteurs? Déjà, on voit des signes d’essoufflement.

Il questionne Pierre Paradis sur ses intentions, et il se serait attendu à ce que le titulaire du ministère de l’Agriculture tienne davantage compte des impératifs du secteur agricole.

C’est à lui de défendre le secteur et de bien l’outiller, soumet-il. Il va falloir que le ministre se mette à la tâche rapidement pour envoyer des signaux positifs aux producteurs qui veulent investir.

La Terre n’a pas été en mesure d’obtenir les commentaires du ministre Paradis.