Politique 14 juin 2018

Pierre Paradis se dit victime de salissage

L’ex-ministre de l’Agriculture Pierre Paradis affirme qu’on a voulu nuire à sa réputation pour faire échouer sa réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA). L’Union des producteurs agricoles (UPA) nie catégoriquement toute implication dans les ennuis personnels du député.

L’affaire a rebondi à la suite d’un rapport de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale qui demande à Pierre Paradis de rembourser 24 400 $ de frais d’hébergement utilisés de façon « inadéquate ». Ces sommes ont été allouées au député pour la location d’appartements de fonction à Québec, mais qui ont également servi de résidence à sa fille et à son gendre de 2009 à 2015.

Le député Paradis a répliqué dans un communiqué le 5 juin. Il soutient n’avoir contrevenu à aucune règle en habitant avec des membres de sa famille et ne pas avoir retiré de profit personnel de la situation.

Il se dit cependant victime de la même plaignante que celle qui lui reprochait des gestes de nature sexuelle en 2017 et qui aurait fait cheminer une deuxième plainte à la commissaire à l’éthique Ariane Mignolet. Le député suppose également que cette plaignante aurait des motivations politiques et qu’elle aurait peut-être, selon lui, obtenu l’appui de l’UPA qui lui reprochait les effets négatifs de sa réforme du PCTFA.

À la suite d’une mise en demeure de l’Union, le député a retiré ces propos du fil de nouvelles. Il a cependant réitéré une partie de ses reproches à l’égard de l’UPA devant l’Assemblée nationale, le 13 juin, dans un document qui vise à le disculper de la sanction de 24 400 $. Il y défend toujours sa réforme du PCTFA et rappelle le soutien du premier ministre Philippe Couillard à l’égard de cette modification.

Le premier ministre s’est toutefois dissocié de la réforme de son ancien ministre dans une entrevue à l’émission Gravel le matin du 12 juin. « La réforme des taxes foncières agricoles n’allait pas aussi bien qu’on l’aurait espéré. Il n’y avait pas de consensus sur le terrain. Il a fallu redresser la barque et changer la direction », a déclaré Philippe Couillard, lorsque questionné sur les propos de Pierre Paradis à son endroit.

Le Parti libéral a annoncé qu’il voterait contre le rapport de la commissaire. Il n’y aura donc pas de sanction à l’égard de Pierre Paradis. Rappelons que l’ex-ministre de l’Agriculture est toujours exclu du caucus libéral même si aucune accusation n’a finalement été déposée contre lui. Le député indépendant est absent de l’Assemblée nationale depuis un accident de cheval l’an dernier.

Paradis « fabule », dit l’UPA

« Que Valérie Roy [la plaignante] ait pu entamer des démarches aussi graves pour faire échouer la réforme du PCTFA, c’est une fabulation extraordinaire », a commenté Marcel Groleau, président de l’UPA. Ce dernier ajoute que la réforme Paradis sur les taxes foncières agricoles était « ratée ». Le fiscaliste Luc Godbout avait d’ailleurs calculé que 82,7 % des producteurs étaient perdants avec ce changement. « M. Paradis devrait continuer de se reposer », conclut Marcel Groleau.