Politique 22 septembre 2014

Peu de place pour les transformateurs

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« C’est long, a déclaré le président d’AGÉCO, Michel Morisset, au sujet du processus menant à l’adoption d’une politique agroalimentaire au Québec.

« C’est long, a déclaré le président d’AGÉCO, Michel Morisset, au sujet du processus menant à l’adoption d’une politique agroalimentaire au Québec, en entrevue à la Terre, le 10 juin dernier. C’est la troisième ou la quatrième consultation. Il y a un risque que des gens n’y croient plus. La réaction presque unanime des partenaires agroalimentaires est qu’ils ont déjà dit beaucoup de choses lors de ces consultations. Le défi sera de générer un minimum d’enthousiasme chez les principaux partenaires afin qu’ils adhèrent à une vision commune. » Cela dit, « le livre vert reflète assez bien les résultats des consultations que nous avions menées à la demande du ministre québécois de l’Agriculture d’alors, Laurent Lessard, à l’été et à l’automne 2009 », a noté M. Morisset.

Selon cet expert agricole, « le livre vert est d’abord une politique de développement économique du secteur agroalimentaire qui va s’appuyer sur les marchés intérieur et extérieur, à l’aide de produits différenciés au maximum, et qui repose sur les entreprises de toutes tailles et capables d’atteindre la rentabilité ».

Y a-t-il une faiblesse dans le livre vert? « Le livre vert ne donne pas assez d’importance au secteur de la transformation alimentaire, qui transforme 70 % des produits agricoles d’ici, avance M. Morisset. Sans usines performantes, dynamiques, qui investissent en recherche et développement et qui développent de nouveaux marchés, on pourra bien produire ce qu’on veut, on risque de rester pris avec nos produits. Il n’y a pas de doute : c’est par elles que ça passe. D’où l’importance de stimuler et de soutenir la capacité de ces entreprises. » M. Morisset a donné les exemples de Bonduelle, qui met sur le marché des produits inexistants auparavant, et TRT-ETGO, qui a déniché des débouchés incroyables pour le canola. Et si le Québec a le mandat de produire 70 % du yogourt canadien, c’est parce qu’il a les usines de fabrication appropriées, a-t-il noté.

Accréditation unique

Le ministre de l’Agriculture, Pierre Corbeil, n’a pas clos les débats sur l’accréditation syndicale unique en agriculture en affirmant qu’il s’agit d’une question qui relève des producteurs au premier chef, pas du gouvernement, selon M. Morisset. « Les instances pertinentes devraient prendre le taureau par les cornes et procéder à un référendum afin de clore le dossier définitivement. L’UPA irait chercher un appui extrêmement majoritaire, car cet appui est massif dans le champ. Il y a certes des dissidents qui sont minoritaires et auxquels on a accordé une visibilité totalement exagérée. Les jardiniers maraîchers et l’horticulture ornementale ont joint les rangs d’une coalition opposée à l’accréditation unique, mais cette situation ne les a pas empêchés de fonctionner jusqu’à présent et ce n’est pas leur préoccupation première. » Rappelons que les futurs participants à la commission parlementaire sur le livre vert devront se prononcer sur la pertinence d’offrir l’occasion aux producteurs agricoles de s’exprimer sur le maintien de l’accréditation d’une seule organisation pour représenter leurs intérêts professionnels.