Politique 1 octobre 2014

Malaise à propos des terrains agricoles de Tony Accurso

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LA PLAINE — Les déclarations de Tony Accurso devant la Commission Charbonneau, dans un controversé dossier de dézonage de terres agricoles de la Côte de Terrebonne, raniment le débat autour de la présence de spéculateurs fonciers dans la zone verte.

« Plus rien ne nous étonne, confie en entrevue à la Terre le président sortant de la Fédération de l’UPA de Lanaudière, Gilbert Mathieu. Ce qu’on vient d’entendre devant la juge Charbonneau vient renforcer nos appréhensions. »

« Quand on voit un gars de ce calibre acheter des terres cultivables et faire des démarches pour les dézoner en vue d’y construire des propriétés, ajoute le producteur laitier, c’est préoccupant. Ça démontre aussi que nos moyens sont limités pour faire face à ce type d’investisseurs qui ont les moyens de faire plier nos décideurs sur la scène politique municipale. »

La semaine dernière, Tony Accurso a confirmé, au cours de son témoignage, être le propriétaire de terrains zonés verts sur le site de l’ancienne pépinière municipale de la Ville de Montréal.

Ces terrains d’une superficie de 12 millions de pieds carrés avaient été acquis par la SOLIM, le bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ, en 2005, pour 2,5 M$. Tony Accurso en est devenu propriétaire en 2010 dans une transaction dont le montant n’a pas été dévoilé.

Pas pour faire pousser des brocolis

Or, s’il a mis la main sur les terres de l’ancienne pépinière – qui a depuis été relocalisée à L’Assomption – c’était pour les dézoner dans le but d’y faire pousser non pas des brocolis, mais bien des structures en béton capables de supporter des maisons.

Toujours dans son témoignage, il a convenu que la capacité de mettre en branle une demande pour dézoner ces terres relevait du conseil municipal, mais qu’à sa connaissance, plusieurs autorisations gouvernementales s’avéraient nécessaires et qu’elles n’avaient pas encore été obtenues.

A-t-il fait pression sur le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, pour mettre le dossier de dézonage en mode fast track? Il confirme avoir invité le maire Robitaille sur son bateau, le Touch, à deux reprises. Mais il nie que la présence du maire ait eu pour objectif de trouver une façon de s’entendre sur le meilleur moment de procéder à la demande de dézonage, en fonction de l’état du marché foncier.

Dans une écoute électronique entendue devant la Commission, Tony Accurso discute avec un certain Christian, désigné par le témoin comme un courtier immobilier.

La discussion porte sur la valeur des terrains, une fois développés. Et l’entrepreneur glisse dans la conversation : « J’ai quelqu’un qui travaille sur le dézonage. »

Du vert au blanc

Cela ne surprend guère Gilbert Mathieu, qui fait du syndicalisme agricole depuis 35 ans. « Il fut une époque où l’agriculture occupait un large espace dans notre région, soulève-t-il. Plus maintenant. Trop de terres sont passées du vert au blanc, sans qu’on puisse arrêter les élans des développeurs. »

Par exemple, sur la Côte de Terrebonne, où l’on retrouvait la pépinière de la Ville de Montréal, les fermes ont cédé le pas aux maisons de prestige. « On a chassé les producteurs agricoles, petit à petit, et personne n’a même levé le petit doigt pour empêcher cette saignée », s’indigne encore l’ex-président de la fédération régionale, reconnu pour son franc-parler.

Le bureau du maire Robitaille n’a pas rappelé la Terre. Par ailleurs, ce dernier vient d’annoncer par voie de communiqué qu’il se retire du conseil d’administration de l’Union des municipalités du Québec.