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On sentait que les relations étaient tendues depuis des mois entre l’Union des producteurs agricoles (UPA) et le ministre Pierre Paradis, mais les détails entourant le financement de 25 000 $ à l’Union paysanne ainsi qu’au Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) est la goutte qui a fait déborder le vase.
Selon la correspondance entre le ministre Pierre Paradis et l’Union paysanne ainsi que le CEA, il apparaît que le ministre était au courant que les montants discrétionnaires qu’il a octroyés à ces deux organisations ne serviraient pas seulement au roulement ordinaire de ces associations.
La correspondance obtenue récemment par l’UPA dans le cadre de la Loi d’accès à l’information montre que l’Union paysanne estime que sa vision se « rapproche » de celle du ministre de l’Agriculture et que cette organisation espère « prendre le virage qui est soutenu dans le rapport Pronovost ». « Notre plein potentiel ne pourra se réaliser que lors du rétablissement du pluralisme d’association », écrit aussi l’Union paysanne dans une lettre du 8 juin 2015 au ministre Paradis. Ce dernier a répondu le 26 juin 2015 en octroyant 10 000 $.
Le président du CEA, Jacques Cartier, a notamment obtenu 4 500 $ pour aller à Atlanta lors du sprint final de négociations du Partenariat transpacifique, où le ministre était également présent pour défendre la gestion de l’offre.
Le torchon brûle
L’UPA juge que ce financement est complètement « inapproprié » et constitue du « lobbyisme à l’envers ».
« C’est certain que le ministre sollicite ces organisations pour qu’elles alimentent la controverse et justifient ses actions », a lancé Marcel Groleau, président de l’UPA, en entrevue à la Terre, en ajoutant que le lien de confiance entre le ministre et le monde agroalimentaire est « brisé depuis plusieurs mois ». L’utilisation de fonds publics dans ce contexte est même vue comme un « manque flagrant d’éthique ».
Il qualifie par ailleurs de « farce monumentale » le financement du déplacement de Jacques Cartier à Atlanta sachant que ce dernier n’a « jamais défendu la gestion de l’offre » lorsqu’il était à Agropur. Le président Groleau est choqué de l’octroi de 50 000 $ à deux organisations opposées à l’UPA, alors que plusieurs associations de producteurs désignés ont vu leur financement coupé par le ministère de l’Agriculture du Québec.
Le président de l’UPA, la seule organisation accréditée en fonction de la Loi sur les producteurs agricoles pour représenter cette profession, estime que le ministre connaissait les positions de ces deux autres organisations contre la mise en marché collective et contre l’accréditation unique et qu’il devait s’attendre à ce qu’elles les contestent. Il savait aussi que les deux groupes seraient sans doute favorables au rapport Gagné sur le sirop d’érable.
Marcel Groleau reproche au ministre d’avoir « commencé une guerre » avec l’UPA dès le départ en diminuant au minimum les relations de travail avec l’Union et avec le secteur agroalimentaire. En fait, le président précise qu’il y a eu seulement deux rencontres en deux ans et que plusieurs lettres de l’UPA au ministre ne reçoivent pas de réponse et souvent même pas d’accusé de réception.
« Le premier ministre a une décision à prendre et rapidement », conclut Marcel Groleau, ne laissant aucune équivoque. Il ajoute que le premier ministre Couillard est au courant des griefs de l’UPA envers le ministre Paradis.