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Le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, agit « en spectateur » dans le dossier touchant l’accaparement des terres agricoles, déplore le député péquiste André Villeneuve.
« On aimerait bien qu’il rouvre la porte de son bureau, précise-t-il en entrevue téléphonique avec la Terre. Mais on va tenter de le faire lever de son siège. »
Cynique, le député qui défend les dossiers agricoles au sein de son parti se demande pourquoi le ministre de l’Agriculture semble immobile tandis que les producteurs lancent des S.O.S. au gouvernement.
« C’est inquiétant, dit-il. Il y a un problème qui grandit chaque jour et il faut le reconnaître. Il y a des fonds d’investissement, comme Pangea, qui sont là pour faire de l’argent. Il serait grandement temps qu’on écoute la relève. »
Pas d’intervention du ministre
Même constat du côté de Québec solidaire. « Je suis présente à l’Assemblée nationale et je n’ai pas rêvé, soumet Françoise David, députée de Gouin et porte-parole parlementaire. Je n’ai pas encore entendu une seule intervention du ministre [Pierre Paradis] sur l’agriculture. »
Elle aussi se dit « terriblement inquiète » d’assister à de profonds bouleversements dans le secteur agricole. « On veut que l’agriculture continue d’être pratiquée selon un modèle familial, soulève-t-elle. Il faut que les jeunes puissent le faire, et pour cela, il importe de leur en donner les moyens. »
Françoise David croit qu’une « société d’État » pourrait intervenir, en permettant aux jeunes d’avoir accès à du capital pour acheter des terres. « Ce serait du capital patient remboursable sur une période de 25-30 ans », fait-elle valoir.
La députée aimerait voir le ministre de l’Agriculture se montrer « sensible à cette réalité ». « Il faut trouver des moyens pour que les jeunes se lancent, démarrent leur entreprise agricole, et ça concerne tout à la fois l’UPA et Solidarité rurale, qui ont leur mot à dire. »
Non-résidents et locaux
Tant au Parti québécois que chez Québec solidaire, on s’entend pour affirmer qu’il faudra légiférer pour baliser l’achat de terres par les groupes d’investissement.
« On a fait un premier pas avec le projet de loi 46 sur les non-résidents souhaitant acheter des terres au Québec, rappelle André Villeneuve. Là, il faudrait limiter les quantités de terres que peuvent acheter des firmes. »
« Il ne faut pas attendre une catastrophe avant de bouger, paraphrase avec ironie le député péquiste, en rappelant les propos tenus par Pierre Paradis. Nos jeunes veulent avoir accès aux terres, il est temps de sortir de cette torpeur! »
Françoise David a la mémoire longue. Et elle rappelle avoir « prévenu » (l’ex-ministre) François Gendron qu’il « n’allait pas assez loin avec son projet de loi sur les non-résidents ».
« Je vais maintenant demander au ministre Paradis de s’exprimer sur le dossier des terres, s’il ne le fait pas de lui-même. »
Pas de commentaires à la CAQ
Par ailleurs, Sylvie D’Amours, députée de Mirabel au sein de la Coalition avenir Québec et porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’agriculture, n’a pas voulu commenter ce dossier. « Les discussions sont encore en cours [sur la question de l’accaparement des terres] », a simplement mentionné la porte-parole de la CAQ auprès des médias, Émilie Toussaint.
Et à quel moment peut-on envisager avoir vos commentaires? lui a demandé la Terre.
« Il n’y aura pas d’entrevue tant que [les discussions] ne seront pas terminées au sein du caucus. »
Pas de réponse…
Rappelons que lors d’une visite à la ferme du président de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) dans Kamouraska, il y a quelques semaines, Pierre Paradis avait affirmé qu’il ne voyait pas de problème, avec le prix des terres au Québec, à l’heure actuelle. « Quand je lui ai demandé à partir de quel prix il considérait que c’était cher, il n’a pas été capable de répondre », rapporte le président de la FRAQ, Pascal Hudon.
La Terre a de nouveau tenté, en vain, d’obtenir les commentaires du ministre Pierre Paradis.