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QUÉBEC — Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture du Québec, est désavoué publiquement par le milieu agricole.
« Le lien de confiance est rompu », a convenu en point de presse le président de l’UPA, Marcel Groleau. Celui-ci était invité par les journalistes à préciser s’il exigeait la démission du ministre de l’Agriculture, à la suite de l’allocution de ce dernier devant le Congrès général ce matin à Québec.
Marcel Groleau persiste à dire que le remaniement ministériel de février dernier demeure « une œuvre inachevée ». L’arrogance du ministre, affirme-t-il, sa façon de « prendre le crédit » pour des succès auxquels il n’a pas contribué comme dans le sirop d’érable, justifient l’arrivée d’un ministre « qui comprend nos besoins ».
« Si on avait demandé aux délégués s’ils veulent un changement de ministre, ils auraient dit oui », a conclu le président Groleau devant les journalistes.
Avant de céder la parole au ministre Paradis, Marcel Groleau lui a notamment redemandé le report des changements au Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA). Il a également réclamé un réinvestissement de l’État en agriculture, reprochant au ministre la tenue de consultations.
« Il n’y a aucun ministre des autres provinces qui traite son agriculture de cette façon », a-t-il déploré au nez de Pierre Paradis.
Habile politicien, Pierre Paradis a commencé par remercier différents représentants agricoles, notamment Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Il a d’ailleurs annoncé que le conseil des ministres avait statué sur le sort des agriculteurs de la baie Lavallière, victimes d’inondations à répétition. La décision, a-t-il promis, sera annoncée d’ici Noël.
En ce qui concerne les changements au PCTFA, Pierre Paradis maintient que les chiffres de son collègue des Finances, Carlos Leitão, « le deuxième meilleur économiste au monde », sont les bons.
« Les données réelles, c’est que les changements représentent 1 % de la clientèle, pour une perte moyenne de 113 $ par entreprise », a-t-il soutenu, affirmation saluée par des « chou ».
Pierre Paradis assure par ailleurs que le budget du programme d’Amélioration de la santé animale au Québec sera maintenu et qu’il n’est aucunement question d’y mettre fin.
Pierre Paradis s’est enfin plié au supplice de la question. Le premier vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, a dit avoir vu « un clown » lors de la récente interpellation du ministre à l’Assemblée nationale. De plus, il a rappelé la tentative du ministre de remettre un boulier chinois au député André Villeneuve.
« Je n’ai jamais vu une insulte plus grande pour le monde agricole, a dit Pierre Lemieux. On investit 600 M$ par année et on ne sait pas compter? »
Le premier vice-président a enfin accusé le ministère de l’Agriculture d’être responsable de la détresse en agriculture. Par son comportement, son attitude et son absence, le ministre « ne répond pas à la dignité et à la fierté » auxquelles s’attendent les agriculteurs et agricultrices.
Pierre Paradis fait peu de cas de ceux qui réclament sa tête comme ministre de l’Agriculture. Ce matin, le Parti québécois a également réclamé sa démission.
« Je me promène dans les fermes du Québec et je suis bien reçu », a-t-il répliqué. Durant sa sortie, plusieurs agriculteurs ont d’ailleurs engagé la conversation avec lui.
Pierre-Yvon Bégin est journaliste pour La Terre de chez nous.