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« C’est le traitement fiscal qui freine la progression du secteur viticole au Québec; ce n’est pas le climat », clame Charles-Henri de Coussergues, vigneron au Vignoble de l’Orpailleur et président de l’Association des vignerons du Québec (AVQ).
En fait, les vignerons québécois réclament un traitement équitable comparativement à celui des vins européens par exemple. « Les vins européens sont subventionnés à la hauteur de 30 à 60 %; on demande alors un traitement équitable pour les vins du Québec », soutient M. de Coussergues.
Les vignerons de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse reçoivent tous de l’aide de leur gouvernement respectif. En Nouvelle-Écosse, dans les magasins de vins et spiritueux, le vigneron reçoit 70 % du prix de vente tablette, et ce, afin de favoriser le développement de l’industrie viticole. « Au Québec, pour un vin vendu 15,80 $ en succursale, le prix de vente du vigneron à la SAQ [Société des alcools du Québec] est de 6,35 $. À ce prix-là, on n’arrive pas », soutient M. de Coussergues.
En décembre 2013, le gouvernement annonçait un plan de commercialisation et de mise en valeur des vins québécois. Cette annonce venait doubler l’aide financière octroyée aux vignerons. Ainsi, pour chaque bouteille vendue en succursale à la SAQ, le vigneron toucherait 18 % du prix de vente tablette. Par exemple, pour un vin vendu 15,80 $ en SAQ, le vigneron obtiendrait une aide de 2,84 $ la bouteille. Cette aide de 18 % devait être rétroactive à septembre 2013 et se poursuivre jusqu’à la fin mars 2014.
Afin de stimuler davantage l’industrie viticole québécoise, le gouvernement avait également bonifié l’aide existante pour tous les vins vendus à la SAQ jusqu’au 31 mars 2015. De sorte que pour chaque bouteille vendue, les vignerons toucheraient un 2 $ supplémentaire. Ensuite, la bonification de 2 $ serait versée uniquement aux vins certifiés ou d’appellation. À partir de 2016, le pourcentage d’aide de 18 % serait maintenu pour les vins certifiés, mais abaissé à 12 % pour ceux non certifiés.
Cependant, les vignerons attendent toujours d’être payés pour la bonification du 18 % + 2 $ la bouteille. « À la suite de ces annonces, on a mis le paquet pour être à la SAQ. On a investi dans la promotion, etc. Car le réseau de la SAQ est le plus beau au monde et les vignerons québécois veulent prendre leur place », indique Charles-Henri de Coussergues. Les vignerons devaient recevoir leur premier versement d’aide en juin dernier (couvrant la période de septembre 2013 à la fin mars 2014).
Suivant ces annonces, des vignerons ont revu leur mise en marché afin d’augmenter le nombre de bouteilles distribuées dans le réseau de la SAQ au lieu de celui de la restauration, tandis que d’autres ont vu une occasion de prendre de l’expansion ou d’entamer un processus de certification. Des vignerons affirment être en attente de sommes pouvant dépasser les 100 000 $. Ces montants dus rendent tout le monde nerveux, les banquiers y compris.
Du côté du ministère des Finances, on mentionne que les vignerons recevront sous peu les sommes dues en fonction du programme en cours pour cette période et se terminant fin mars 2014. Par contre, on ne précise pas si les montants versés comprendront le 18 % + 2 $ ou uniquement le 18 % ou autre. Dans un échange de courriels, le ministère indique qu’aucune somme n’avait été provisionnée pour répondre aux bonifications (18 % + 2 $). Actuellement, il évalue « la capacité à apporter un soutien aux entreprises du secteur des boissons alcooliques artisanales ». Ainsi, à partir du 31 mars 2014, les vignerons ne savent pas s’ils toucheront ou non une aide. « Le ministère des Finances sait très bien que les retombées économiques de la vente d’une bouteille de vin québécois sont beaucoup plus élevées que celles d’une bouteille de vin étranger. Le secteur viticole québécois crée de la richesse et participe à la diversification notamment. L’état doit se positionner », souligne Charles-Henri de Coussergues.
La consommation des vins du Québec
Au Québec, les ventes de vins de chez nous dans les SAQ représentent moins de 1 %. Il se boit 200 millions de bouteilles et le vin québécois compte pour 2 millions de ce nombre. « Notre objectif est d’augmenter la consommation des vins du Québec à 5 % », souhaite Charles-Henri de Coussergues. En Ontario, les ventes de vins ontariens occupent 40 à 45 % du marché dans les magasins de vins et spiritueux.