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Après avoir atteint le premier objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’ils s’étaient fixé en 2018, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) ont annoncé le 10 novembre, en assemblée semi-annuelle à Lévis, qu’ils visent désormais une diminution de leurs émissions de 42 % pour 2030, par rapport à celles de 2020.
Luc Goulet, président des PPAQ, a précisé, en entrevue avec La Terre, que les GES sont non seulement un enjeu, mais aussi un argument commercial important, puisque certains pays demandent que les étiquettes des produits indiquent le nombre de GES qui ont été générés par ledit produit. L’exercice qu’ont fait les PPAQ de quantifier leur GES est également considéré comme névralgique en marge des discussions avec le gouvernement pour obtenir des subventions environnementales.
Durant son allocution, le ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, a salué l’importance de s’attaquer au problème du réchauffement climatique, spécifiant qu’ils allaient augmenter et que les entreprises doivent s’y pencher et s’y adapter. Le ministre a mentionné à La Terre qu’il ne prévoyait pas offrir de programme de rétributions environnementales aux acériculteurs, comme c’est le cas en grandes cultures, par exemple. Il a indiqué que le gouvernement accompagnait déjà les acériculteurs avec différents investissements en recherche.
André Lamontagne a raconté avoir lui-même vu des kilomètres de tubulures de plastique changés par un acériculteur, ce qui l’a amené à évoquer, en assemblée, le souhait de voir les tubulures désuètes être entièrement recyclées avant d’octroyer des entailles supplémentaires.
744 000 tonnes par an
Lors de l’assemblée, les PPAQ ont dévoilé des statistiques affirmant que les érablières du Québec stockent 744 000 tonnes métriques de carbone par an, soit onze fois plus de carbone que le processus de production du sirop d’érable. Cette quantité de carbone est équivalente, selon les PPAQ, aux émissions de 220 000 véhicules ou de 440 millions de litres d’essence consommés pour la même période.
Des données tirées d’une étude du groupe AGÉCO ont également été présentées à l’auditoire, lesquelles présentent en détail douze bienfaits écologiques que les érablières du Québec apportent à l’environnement, comme de protéger la biodiversité en préservant l’habitat.
Les producteurs interrogés par La Terre se sont dit en faveur d’un effort concerté visant à réduire davantage les GES, tout en soulignant les efforts qui ont été effectués jusqu’à maintenant pour les diminuer, notamment par l’utilisation de concentrateurs membranaires plus performants (qui diminuent le temps de bouillage requis) et par l’acquisition d’évaporateurs plus efficaces ou ne fonctionnant pas avec des énergies fossiles.
La statistique sur la captation de carbone a toutefois fait sourciller plus d’un producteur sur place. « On dit qu’une érablière capte 11 fois ce qu’elle génère, mais quand j’ai voulu me faire certifier carboneutre, le certificateur m’a dit que je devrais acheter des crédits carbone de quelqu’un d’autre pour mes émissions de GES. C’est assez contradictoire! Et ça sentait la magouille, alors j’ai tout arrêté ça », a commenté François Rhéaume, qui exploitera 8 000 entailles à Stukely, en Estrie.
Le ministre peu enclin à subventionner la construction du nouvel entrepôt
Les acériculteurs ont profité de la présence du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, à leur assemblée semi-annuelle, le 10 novembre, pour lui demander directement une aide financière associée à la construction de leur troisième entrepôt de 14 M$ qui servira à augmenter la capacité d’entreposage de la réserve stratégique de sirop d’érable. L’entrepôt, dont les travaux ont déjà commencé, pourra accueillir 52 millions de livres de sirop, portant à 133 millions la capacité d’entreposage totale.
Le ministre a écouté la demande du président, Luc Goulet, mais lui a aussitôt répondu qu’il n’entendait pas acquiescer à la demande, affirmant que ce n’était pas « la business du MAPAQ » de payer des entrepôts. Il a expliqué de surcroît que d’autres secteurs, comme les producteurs maraîchers, demanderaient aussi une telle subvention pour la construction d’entrepôts.
Luc Goulet s’est dit déçu et surpris de la réponse du ministre, lui qui s’attendait plutôt à une annonce positive, considérant que son équipe était en discussions avec le cabinet du ministre depuis l’été. Les délégués ont voté une résolution demandant à leur fédération de poursuivre les démarches auprès du gouvernement provincial et d’évaluer les avenues à leur disposition afin de trouver un moyen de le convaincre.