Politique 26 août 2015

Le gouvernement Harper a manqué son coup

Le gouvernement de Stephen Harper a « manqué de leadership » sur l’enjeu fondamental de la gestion de l’offre lors des dernières négociations pour conclure l’accord de Partenariat transpacifique (PTP), estime l’économiste François L’Italien.

« Ce gouvernement n’a pas su jouer la carte de la coalition avec les [11] autres pays membres de la zone Asie-Pacifique », précise le chercheur associé à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC).

Par conséquent, il voit mal comment le gouvernement qui sera au pouvoir, au lendemain des élections du 19 octobre, pourra réussir à sauver les meubles quand viendra le moment de signer l’accord commercial touchant 800 millions de consommateurs, au Vietnam et en Nouvelle-Zélande, notamment.

« Je ne crois pas qu’aucun des partis [Parti conservateur, Parti libéral, NPD] va faire la différence, soulève-t-il. Aucun de ces partis ne sera en mesure de détricoter ce que les négociateurs canadiens ont fait en présence de leurs vis-à-vis des pays membres de la zone Asie-Pacifique. »

Pas d’engagement

François L’Italien fournit des arguments pour étayer son raisonnement. Il constate, par exemple, que le lieutenant québécois du Parti conservateur, Denis Lebel, « ne s’est jamais véritablement engagé » en faveur de la gestion de l’offre.

À propos du NPD, il dit avoir observé que le parti de Thomas Mulcair a défendu la gestion de l’offre « avec des euphémismes dans la bouche ».

Positions pro-agriculture

L’économiste ne perd pas espoir, mais il se désole de ne pas voir s’élever au-dessus de la mêlée des candidats qui se démarquent nettement par leurs positions pro-agriculture.

« Je ne vois pas de champions de l’agriculture au sein des partis, analyse-t-il. C’est troublant, compte tenu du poids économique de ce secteur d’activités. »

Le chercheur à l’IRÉC et auteur d’études fouillées sur l’accaparement des terres agricoles aimerait entendre les politiciens « défendre l’exception agricole avec plus de vigueur ».

« C’est un combat difficile à mener, convient-il, et il faut de la volonté politique pour y arriver. »

Or, le temps presse. « Si la gestion de l’offre tombe, au Québec, c’est une ferme sur deux qui tombe », tient-il à rappeler.