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Selon diverses sources, un accord de principe aurait été conclu entre le Canada et l’Union européenne (UE) relativement au commerce du fromage et d’autres produits agricoles.
L’ensemble de l’entente de libre-échange serait sur le point d’aboutir à un texte qui devra ensuite être ratifié par les provinces et les 28 pays de l’UE. Le premier ministre Harper se rend aujourd’hui à Bruxelles pour finaliser les négociations et annoncer un accord à très court terme.
Dans une nouvelle du 16 octobre, le National Post, un journal souvent hostile à la gestion de l’offre, on affirmait qu’un accord de principe était sur la table pour le fromage. Selon ce quotidien, l’entente prévoit de pratiquement doubler le contingent tarifaire de 13 500 tonnes qui permet aux Européens d’exporter du fromage au Canada sans tarif. Le contingent global passerait donc de 20 000 à plus de 30 000 tonnes. Le Globe and Mail confirme également cette nouvelle et le chiffre de 30 000 tonnes au total en citant des « sources gouvernementales ».
Les Producteurs de lait du Canada (PLC) font aussi état d’un accord de principe sur le fromage. Les PLC dénoncent avec force ce qui s’annonce comme une entrave majeure au développement des fromagers, qui sont majoritairement situés au Québec. Bien que rien ne soit officiel, plusieurs médias ont avancé des chiffres relatifs au contingent de fromages qui serait cédé aux Européens. On parle de 17 000 tonnes de plus de fromage européen sans tarif.
À Québec, on demeure imprécis sur la position gouvernementale face à un accord de principe. « Il y aura une réaction en temps et lieu. La balle est dans le camp du fédéral », a affirmé Mélanie Malenfant, attachée de presse du ministre Nicolas Marceau, le responsable des négociations commerciales au gouvernement. « Le gouvernement du Québec travaille à obtenir un accord de libre-échange qui est bénéfique pour le Québec et les producteurs de lait », ajoute Mélanie Malenfant, en précisant que le gouvernement travaille « plus intensément ces jours-ci ». Selon Radio-Canada, une compensation pour la perte de marché de fromages pourrait faire partie des discussions entre Québec et Ottawa.
On est encore moins précis à Ottawa. Le premier ministre Harper a mentionné dans son discours du trône que les négociations d’un accord économique et commercial global avec l’Union européenne se termineraient « bientôt ».
« Les négociations avec l’Union européenne se poursuivent », a commenté Rudy Husny, porte-parole du ministre du Commerce Ed Fast, dans une réponse écrite le 16 octobre. « Notre gouvernement s’est montré très clair : chacun des trois piliers essentiels de notre système national de gestion de l’offre doit demeurer intact : le contrôle de la production, les contrôles à l’importation et le contrôle des prix », a ajouté Rudy Husny.
Plus que le fromage
Il semble très probable que d’autres secteurs agricoles fassent partie d’une telle entente. Depuis plusieurs mois, l’Union européenne laissait entendre qu’elle céderait un contingent tarifaire de porc et de bœuf canadien si le Canada acceptait une concession sur le fromage. Diverses sources font d’ailleurs état d’accès supplémentaires de plusieurs dizaines de milliers de tonnes pour le porc et le bœuf canadien.
« On pense que ça pourrait être positif », indique Gaëlle Leruste, porte-parole des Éleveurs de porcs du Québec, qui ne souhaite pas commenter davantage tant que les quantités en jeu ne seront pas confirmées. Quelque 71 % du porc québécois est déjà exporté et un nouveau marché de taille ne pourrait pas nuire.
Par ailleurs, un accord de principe ne constitue pas une entente finale. Les provinces doivent encore donner leur aval ainsi que les instances appropriées dans les 27 pays de l’Union européenne. Bref, un accord signé ne signifie pas la même chose qu’un accord ratifié.
L’UPA fortement préoccupée
« La décision canadienne est regrettable et ouvre la porte au dumping de fromages européens sur le marché canadien », a déclaré le président de l’UPA, Marcel Groleau, ajoutant que 60 % des fromages fins canadiens sont produits au Québec.
Ce dernier dénonce surtout le déséquilibre entre un système de la gestion de l’offre non subventionné, qui bénéficie de protections tarifaires aux frontières, et un autre système, dominant dans le monde, qui subventionne les agriculteurs pour qu’ils puissent subsister.
« Nos producteurs laitiers et fromagers devront dorénavant concurrencer le Trésor public européen pour une place sur nos tablettes d’épicerie », a fait valoir M. Groleau. Selon l’UPA, plus de 60 % du revenu des producteurs européens provient de soutiens de l’État.
« Nous estimons néanmoins que le Québec devra poser des conditions avant cette ratification qui pose problème. Il y a dans cette entente de nombreuses interrogations. Faudra voir », a également affirmé le président de l’UPA à Shawinigan le 16 octobre.