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L’élection de François Hollande, en France, risque de jeter un pavé dans la mare des négociations commerciales avec l’Union européenne.
Le nouveau président entend en effet défendre un budget européen « ambitieux » pour l’agriculture, tout en proposant une nouvelle politique commerciale moins ouverte.
Dans son programme en 60 engagements, François Hollande affirme vouloir améliorer la part du gâteau réservée aux agriculteurs. « Je donnerai aux producteurs les moyens de s’organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières face à la grande distribution », a promis le candidat socialiste à la présidentielle. Ce dernier estime également qu’il faut se préoccuper de l’élevage dans le cadre de la révision de la politique agricole commune.
« Le secteur agricole doit aujourd’hui relever un triple défi : un défi de souveraineté agricole et alimentaire, un défi économique et social pour garantir aux agriculteurs un juste revenu, et un défi environnemental pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, aux engrais et aux phytosanitaires », a résumé le candidat Hollande, en entrevue avec Terre-net le 10 avril dernier.
Une nouvelle approche s’annonce également du côté du commerce international. « Je proposerai également une nouvelle politique commerciale pour faire obstacle à toute forme de concurrence déloyale et pour fixer des règles strictes de réciprocité en matière sociale et environnementale », écrit François Hollande, dans son programme électoral.
François Hollande s’est également prononcé sur les quotas laitiers. « Le mouvement qui se profile en Europe en faveur de la réhabilitation des quotas laitiers et de la défense des droits de plantation pour la vigne est intéressant : il témoigne une prise de conscience quant à la nécessité d’accroître les régulations, plutôt que de les supprimer. Je me battrai au niveau européen pour que les instruments de régulation du marché, comme les droits de plantation viticoles, soient préservés », a soutenu M. Hollande à Terre-net.
AECG
Il est possible que cette vision présidentielle influence le déroulement des négociations de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne. La France est en effet un joueur important dans ces pourparlers. Il faut noter que le secteur de l’élevage (lait, porc, bœuf), sur lequel le programme socialiste se prononce, est au cœur des demandes agricoles dans ces négociations.
Par ailleurs, la « stricte réciprocité » des règles (OGM, hormones, bien-être animal, environnement) pourrait limiter sérieusement l’accès au marché européen. De plus, une politique agricole commune plus généreuse pourrait être mal reçue par les partenaires commerciaux de l’Europe.
Du pain sur la planche
Le président Hollande aura toutefois du pain sur la planche. Il entend rencontrer prochainement la chancelière allemande, Angela Merkel, afin de discuter d’une nouvelle vision économique de l’Europe basée sur la croissance plutôt que sur l’austérité. Il sera sans doute aussi question de commerce international qui devrait faire partie de la stratégie de relance économique de l’Union européenne. L’Allemagne n’aura cependant pas nécessairement l’approche des socialistes français sur ces questions déterminantes.
Le nouveau président français devra aussi convaincre ses électeurs de lui donner une majorité de députés lors des élections législatives de juin. Ensuite, il faudra qu’il influence ses autres partenaires européens tant sur la politique agricole que commerciale.