Politique 22 septembre 2014

Gestion de l’offre : le CCCE provoque une onde de choc… parmi ses membres

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Le Conseil canadien des chefs d’entreprise (CCCE) vient de provoquer une onde de choc parmi quelques-uns de ses membres en réclamant une nouvelle fois la fin de la gestion de l’offre au Canada, prétextant que cette mesure « pénalise les consommateurs et endommage sérieusement la réputation du pays comme champion du libre marché ».

« On n’endosse pas cette position. On est en faveur de la gestion de l’offre, et c’est sans équivoque », a réagi le porte-parole du Mouvement Desjardins, André Chapleau, en entrevue à la Terre.

Le Mouvement Desjardins, qui est membre du Conseil canadien, n’a pas apprécié que cette question soit soulevée, « sans que nous ayons été consultés », a ajouté M. Chapleau.
Dans une lettre datée du 6 mai 2011 envoyée au premier ministre Stephen Harper, le président du CCCE, l’ex-ministre fédéral John Manley, emploie des mots très durs et sans équivoque pour parler de la fin de la gestion de l’offre. « Nous croyons qu’il est temps d’éliminer (phase out) la gestion de l’offre nationale pour les œufs, les produits laitiers et la volaille. » La lettre complète est disponible sur Internet, en anglais seulement, au www.ceocouncil.ca, dans la section anglaise dédiée aux correspondances de l’organisation.
La lettre au premier ministre précise aussi, dans le même paragraphe, que le CCDE « endosse » la volonté du gouvernement de « réformer » les pratiques commerciales de la Commission canadienne du blé.

Le CCDE regroupe les principales entreprises du Canada. Dans le secteur agricole et agroalimentaire, on note la présence de Maple Leaf Food, Agrium, Cargill, Viterra, Loblaw, Ethanol Greenfield, James Richardson, McCain Foods, PotashCorp. Les compagnies de chemin de fer, les banques canadiennes et des institutions financières du Québec, comme le Mouvement Desjardins ou la Banque Nationale, font également partie de ce club sélect des chefs des plus grandes entreprises du Canada. Le Conseil du patronat du Québec y siège également.

Étonné

Le Mouvement Desjardins reconnaît que « des membres du secteur agricole se sont questionnés très légitimement » en prenant connaissance du contenu de cette lettre, compte tenu que le mouvement coopératif fait partie du Conseil canadien.

« Ça a causé un certain inconfort et nous sommes désolés face à nos partenaires du domaine agricole. On comprend la sensibilité de nos producteurs et nous tenons à leur dire que nous les appuyons dans leur démarche », a tenu à préciser André Chapleau.

La Banque Nationale, également membre du Conseil, n’endosse pas davantage la position de l’organisme. « Il n’y a pas eu de consultation », a déclaré à la Terre la porte-parole de la Banque, Joan Beauchamp.

Elle reconnaît elle aussi que la gestion de l’offre est un dossier sensible dans le monde agricole. « Cette lettre (du CCCE) a suscité quelques réactions sur le terrain », a-t-elle constaté.

Un risque réel

De son côté, Robert Laplante, économiste à l’IREC (Institut de recherche en économie contemporaine), soutient qu’il ne faut pas prendre à la légère « cette nouvelle attaque » des chefs d’entreprise dirigée contre les producteurs.

« Il y a un risque réel que l’arrangement sur la gestion de l’offre soit modifié tôt ou tard, à la suite des assauts répétés d’organismes comme le Conseil canadien qui mise sur l’effet d’usure pour parvenir à ses fins », a-t-il analysé.

À la Fédération des producteurs de lait du Québec, le porte-parole François Dumontier a tenté de remettre les choses dans leur contexte. « Ce n’est pas la première fois qu’il (le CCCE) évoque la fin de la gestion de l’offre. Mais au cours de la campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper a défendu ce dossier. C’est ce que nous retenons », a-t-il conclu.

Pour voir le contenu de la lettre : http://www.ceocouncil.ca/publications/pdf/test_c93adb6f64ca618185bf0569bb68e1bf/Letter_to_The_Right_Honourable_Stephen_Harper_May_6_2011.pdf