Politique 11 avril 2018

La gestion de l’offre a assez donné

QUÉBEC — Inquiets de la menace constante de nouvelles concessions de marchés qui plane sur leurs fermes et leur famille, les Producteurs de lait du Québec (PLQ) réclament la fin des compromis dans la gestion de l’offre.

« Le secteur laitier a assez servi de monnaie d’échange dans les accords internationaux. C’est assez! » a dénoncé le président des PLQ, Bruno Letendre, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’organisation, qui se tient les 11 et 12 avril.

Les concessions octroyées en vertu de l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne et du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) causeront des « dommages à perpétuité » de 260 M$/an aux fermes laitières du pays. Concernant l’AECG, « la pilule passe déjà de travers », a lancé Bruno Letendre. Au cours des trois premiers mois de mise en œuvre de l’Accord, les nouvelles importations de fromages du Vieux Continent représentent 97 % des permis octroyés par le gouvernement fédéral. En contrepartie, le Canada a exporté seulement 2,3 % de l’accès accordé au bœuf et 0,5 % de celui du porc. « On a échangé un cheval contre deux fourmis », a raillé le dirigeant.

Prix insuffisant

Les producteurs de lait de la Belle Province aspirent à un environnement d’affaires stable et prévisible, alors que près du quart des solides totaux de leur lait est vendu à des prix qui fluctuent au gré du marché mondial. « Nous n’avons pas le contrôle sur une trop grande partie de nos revenus et nous subissons les conséquences de l’indiscipline et du dumping qui règnent sur ce marché », a dénoncé Bruno Letendre.

Au cours de la dernière année, le prix du lait à la ferme a été en deçà des attentes. En 2017, il est passé sous la barre des 70 $ l’hectolitre. Sans la négociation de la stratégie des ingrédients laitiers, la situation aurait été pire, a précisé le dirigeant.

« L’incertitude entourant les accords commerciaux et l’instabilité de nos revenus nous ramène à une chose fondamentale : la gestion de l’offre est plus pertinente que jamais », a souligné M. Letendre, en citant les exemples de l’Europe, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, où la déréglementation s’est avérée catastrophique.

Le président des PLQ a invité le gouvernement canadien à « demeurer très ferme » dans son objectif de préserver la gestion de l’offre dans l’actuelle renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). « La politique agricole des États-Unis, le Farm Bill de 1 000 G$, qui subventionne directement ou indirectement leurs producteurs, n’est pas sur la table de négociations. Rien ne justifie que la nôtre le soit. Mais les bottines devront suivre les babines jusqu’à la fin des négociations », a conclu le dirigeant.

Crédit photo : Julie Mercier / TCN
Crédit photo : Julie Mercier / TCN