Actualités 11 décembre 2015

Feu vert à la logistique en terres agricoles le long de la 30

Par un projet de loi, le gouvernement du Québec veut se donner les moyens d’écarter la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pour paver la voie à l’installation d’entreprises de logistique sur plus de 400 ha à plusieurs endroits le long de l’autoroute 30.

Les pôles logistiques des Cèdres et de Contrecœur font aussi partie du projet visant à créer un guichet unique pour faciliter le travail des entreprises de ce secteur, qui pourront contourner la CPTAQ et les règlements municipaux.

« Ça va trop loin. Quand on écarte la CPTAQ de son rôle, c’est très inquiétant », a déclaré Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, qui trouve également « inquiétant » que le projet de loi permette de s’élever au-dessus des règlements et des zonages municipaux. Le président craint aussi que le projet de loi 85 envoie un « signal bien négatif » sur le rôle de la CPTAQ dans le futur.

Le ministre Moreau aux commandes

C’est le ministre des Affaires municipales et député de Châteauguay, Pierre Moreau, qui dépose le projet de loi 85 et qui en sera responsable. « Nous prenons en considération la sauvegarde des terres agricoles dans la réalisation du modèle que nous mettrons en place, tant pour le pôle logistique que pour le corridor de développement économique de l’autoroute 30 », avait pourtant déclaré Pierre Moreau, en réponse à des questions de l’opposition sur le pôle logistique, à l’Assemblée nationale, le 5 novembre dernier.

Le cabinet du ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, n’a pas rappelé la Terre.

Promesse brisée

« C’est une volte-face de Jean-Marc Fournier », s’indigne Normand Gagnon, producteur de grains de Saint-Jean-sur-Richelieu et qui a été président de l’ancienne Fédération de l’UPA de Saint-Jean–Valleyfield au moment de la décision de faire passer l’autoroute 30 en zone agricole. « M. Fournier nous avait dit qu’on ne bâtirait pas et qu’il n’y aurait pas d’autres sorties en zone agricole », se souvient Normand Gagnon, en parlant des promesses faites au moment où le tracé de la 30 avait été décidé, après les élections de 2003.

M. Gagnon s’inquiète d’ailleurs de la possible construction de nouvelles sorties d’autoroute qui seraient nécessaires pour les projets de logistique, mais qui risqueraient d’ouvrir la voie à d’autres projets industriels ou même résidentiels.